Donald Trump, le 13 août à New York. / Carolyn Kaster / AP

Plus de 200 journaux américains vont publier le même jour, jeudi 16 août, des éditoriaux pour dénoncer « la guerre sale contre la presse libre » menée par le président Donald Trump. L’initiative vient de la responsable des pages débats du Boston Globe, Marjorie Pritchard.

« Nous ne sommes pas l’ennemi du peuple », a expliqué cette dernière, faisant référence à l’expression utilisée par Donald Trump lors de ses derniers meetings, tenus à l’occasion de la campagne pour les élections de mi-mandat en novembre ou sur son compte Twitter. Une expression que le complotiste Alex Jones, récemment banni de plusieurs plateformes en ligne, affirme avoir inventée et transmise à Trump en le recevant dans son émission de radio en 2015.

Le texte qui sera publié jeudi par les journaux américains (des quotidiens de grandes métropoles comme Houston Chronicle, Minneapolis Star Tribune, Miami Herald ou le Denver Post mais aussi des hebdomadaires locaux) ne sera pas le même, chacun étant libre d’utiliser ses propres mots et de conserver sa propre ligne. Mais l’objectif est commun : dénoncer des attaques « inquiétantes », selon Marjorie Pritchard. « J’espère que cela permettra aux lecteurs de réaliser qu’une attaque contre le premier amendement [qui permet la libre expression] est inacceptable. Nous sommes une presse indépendante et libre, c’est l’un des principes les plus sacrés inscrits dans la Constitution », a-t-elle expliqué à l’agence Associated Press.

Voix discordantes

Cependant, une journaliste de CNN s’interroge sur l’efficacité d’un tel geste sur ceux qui n’ont plus confiance dans les médias : « Ce que nous devons faire réclame plus de temps et d’argent, c’est éduquer les gens à l’école sur ce que sont les informations, sur ce qui est digne de confiance ou pas, mais aussi avoir des journalistes sur le terrain qui interagissent avec les lecteurs et les téléspectateurs, expliquent comment nous travaillons, et c’est comme cela que l’on aura plus de confiance dans les médias. »

Pour sa part, le Wall Street Journal a expliqué ne pas vouloir participer à cette campagne, jugeant notamment que publier « les mêmes critiques envers Trump au même moment n’est probablement pas le meilleur moyen d’élargir le lectorat au sein de la moitié droite de l’électorat ». Le journal juge également que cette « stratégie semble plus adaptée à la politique qu’au journalisme ».

Début août, le patron du New York Times, Arthur Gregg Sulzberger, avait révélé avoir mis en garde directement le président américain quant à ses attaques répétées contre la presse lors d’une rencontre à la Maison Blanche, évoquant une « rhétorique antipresse extrêmement troublante ».