Le parti au pouvoir du premier ministre, Hun Sen, a remporté l’ensemble des sièges au Parlement lors des législatives controversées organisées fin juillet au Cambodge. « Le Parti du peuple cambodgien [PPC] a reçu 76,85 % des suffrages et remporté l’ensemble des 125 sièges du Parlement », a déclaré mercredi 15 août le porte-parole de la commission électorale, Dim Sovannarom.

L’homme fort du royaume, au pouvoir depuis déjà trente-trois ans, doit être reconduit le 6 septembre pour cinq ans à la tête du pays par la nouvelle assemblée législative. Il formera dans la foulée son gouvernement.

Ces élections sont « un énorme succès pour le processus démocratique au Cambodge », s’est-il félicité mercredi matin, lors d’une rencontre avec des ouvrières du textile. « Je veux créer un forum de consultation entre le gouvernement et les partis politiques » du pays, a ajouté Hun Sen, 66 ans, alors que le scrutin du 29 juillet s’est déroulé sans compétition électorale.

Inquiétude des Etats-Unis et de l’Europe

Le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) avait raflé 44 % des suffrages et était le seul à pouvoir rivaliser avec le PPC. Mais il a été dissous en novembre 2017, et son président Kem Sokha, accusé d’avoir voulu renverser le gouvernement avec la complicité des Etats-Unis, emprisonné.

Sam Rainsy, le fondateur du CNRP, avait appelé au boycott du scrutin depuis la France, où il s’est exilé pour échapper à la prison. Finalement, environ 6,9 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes sur les 8,3 millions d’inscrits ; 600 000 bulletins « dégradés » ont toutefois dû être invalidés, selon la commission électorale.

Les Etats-Unis et l’Europe ont fait part de leur inquiétude à l’issue du scrutin, qualifié par Washington de « revers le plus cinglant » à la démocratie cambodgienne. Certains observateurs se demandent si le pays, qui a bénéficié d’immenses programmes d’aides au développement pour soutenir sa marche vers l’économie de marché, sera davantage isolé sur la scène internationale avec à la clé un éventuel durcissement des sanctions financières et commerciales.

Mais Hun Sen pourra toujours compter sur son fidèle allié chinois, qui a investi plus de 4,5 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) ces cinq dernières années dans le royaume.