Karim Benzema et ses coéquipiers affrontent l’Atlético, mercredi, à Tallinn. / Andrea Comas / AP

C’était il y a neuf ans. A l’été 2009, le Real Madrid cassait sa tirelire pour s’offrir les services d’un nouveau « Galactique », Ballon d’or et champion d’Europe avec Manchester United. Transfert le plus cher de l’histoire, alors (94 millions d’euros), Cristiano Ronaldo débarquait dans la capitale espagnole et prenait en main les destinées de la Maison blanche madrilène. Neuf ans, quatre Ligue des champions (et autant de Ballons d’or) et 450 buts plus tard, le Portugais a quitté le Real Madrid à l’été. Orphelin de sa star, et après le départ – volontaire, ce qui est suffisamment rare pour être signalé – de l’entraîneur français Zinédine Zidane, le Real Madrid entame, mercredi 15 août, une nouvelle page de sa longue histoire.

A Tallinn (Estonie), les Merengue, qui ont remporté la Ligue des champions fin mai, affrontent leurs voisins de l’Atlético Madrid, vainqueurs de la Ligue Europa, en Supercoupe d’Europe. Avec comme enjeu la suprématie dans leur ville, et sur le continent. Pour son premier match officiel sur le banc du Real Madrid, l’entraîneur Julen Lopetegui inaugure ses fonctions par la possibilité d’un titre, qui, s’il ne fera pas oublier son prédécesseur – qui a remporté trois Ligue des champions consécutives –, mettra la carrière de l’ex-sélectionneur de la Roja sur de bons rails.

Deux mois après son humiliante éviction de la sélection espagnole juste avant le Mondial, Lopetegui peut effacer ce camouflet en remportant son premier trophée sur le banc merengue. Et justifier ainsi son choix de rejoindre le Real… qui avait précipité son limogeage de la Roja. « Mon premier match officiel est une finale, s’est réjoui le Basque. Nous allons essayer de bien nous préparer pour affronter un adversaire solide, compliqué, que nous connaissons très bien et qui, en outre, est notre voisin. » Face au rugueux Atlético de DIego Simeone, invaincu en Supercoupe d’Europe (deux participations, deux sacres en 2010 et 2012), l’entraîneur doit composer sans le joueur qui a éclairé le jeu du Real pendant une décennie.

Gareth Bale libéré par le départ de Ronaldo ?

Plus de Ronaldo, parti relever un dernier défi à la Juventus Turin. Mais le triple champion d’Europe en titre ne manque pas d’atours. En attendant d’éventuelles recrues, d’autres figures s’attachent à combler le vide laissé par le Portugais, meilleur buteur de l’histoire merengue. A commencer par l’ailier gallois Gareth Bale, l’avant-centre français Karim Benzema, ou le finaliste malheureux de la Coupe du monde, Luka Modric. Auteur d’une préparation de haut vol et peut-être libéré de l’omniprésence de Ronaldo, Bale plaît à son nouveau coach, « convaincu qu’il fera une grande saison », mais qui refuse d’en faire le successeur de l’ex-numéro 7 madrilène. « C’est un très grand joueur, mais il ne doit succéder à personne. Je n’aime pas faire de comparaison ».

Julen Lopetegui entend faire de Luka Modric l’un des hommes de base de « son » Real. / MAXIM SHEMETOV / REUTERS

En dépit de la perte de l’un de meilleurs joueurs de la planète, le Real Madrid est parvenu à conserver son ossature. Outre Benzema et Bale, Toni Kroos, Casemiro, Marcelo et le capitaine Sergio Ramos sont toujours là. Tout comme le défenseur Raphaël Varane, auréolé d’une victoire en Coupe du monde. Et si le meilleur joueur du Mondial russe, Luka Modric, a émis des velléités de départ vers l’Inter Milan, le Real Madrid a tenu bon, et le Croate, en phase de reprise, pourrait disputer la rencontre face à l’Atletico Madrid.

Ancien sélectionneur des équipes de jeunes en Espagne – il avait d’ailleurs remporté le titre de champion d’Europe des moins de 19 ans en 2012 dans le stade Lilleküla de Tallinn, où se déroule la Supercoupe d’Europe –, Lopetegui entend faire confiance aux jeunes pépites du club madrilène. Isco et Marco Asensio, qu’il avait fait éclore en équipe d’Espagne, devraient endosser le rôle de leaders techniques des Merengue, une fonction largement aperçue l’an passé, quand l’omniprésent Ronaldo avait orienté son jeu vers le collectif.

« Le Real continuera à gagner malgré le départ de Cristiano »

Si les départs de Ronaldo et Zidane placent le Real Madrid dans une phase de reconstruction, le club de Florentino Perez commence sa saison avec ambition. En témoigne l’arrivée, dans les cages, du Belge Thibaut Courtois – qui ne sera pas aligné face à l’Atlético –, l’un des meilleurs gardiens de la planète. « La perte d’un joueur aussi important [que Ronaldo] est négative, mais ce n’est pas pour autant que le Real va arrêter de gagner, a rassuré le capitaine madrilène Sergio Ramos. Nous ne perdons ni notre ambition, ni notre envie. Le Real est au-dessus de nous tous. Le Real continuera à gagner malgré le départ de Cristiano, comme il l’a fait après le départ de [Zidane] ».

Mercredi, le club de Karim Benzema semble favori pour rejoindre le FC Barcelone et l’AC Milan en tête du palmarès de la Supercoupe d’Europe avec un cinquième trophée, mais les coéquipiers d’Antoine Griezmann n’entendent pas leur offrir le titre.

« C’est toujours un trophée très important, a averti l’entraîneur colchonero Diego Simeone. Le vainqueur de la Ligue des champions et celui de la Ligue Europa s’affrontent pour le titre de rois d’Europe. C’est évidemment le genre de trophée pour lequel on désire se battre. » Ayant conservé sa star française – convoitée par le FC Barcelone – et auteur d’un recrutement trois étoiles cet été (Lemar, Kalinic, Gelson Martins…, le club rojiblanco ambitionne de décrocher le seul titre qui manque à son palmarès, la Ligue des champions. D’autant que cette année, la finale de la « grande » Coupe d’Europe se déroulera dans son stade Metropolitano, en juin 2019.