En 2014, Mahiedine Mekhissi avait déjà été célébré lors d’un match entre Reims et Bordeaux. / FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Tout juste auréolé d’un cinquième titre de champion d’Europe après sa victoire la semaine dernière lors du 3000 m steeple à Berlin, Mahiedine Mekhissi recevra un hommage particulier vendredi lors du match de Ligue 1 entre le Stade de Reims et l’Olympique lyonnais. L’athlète rémois raconte le lien qui l’unit à son club de cœur.

Qu’est-ce que cet hommage représente pour vous ?

C’est mon club de cœur, j’ai grandi à côté de l’ancien stade. Quand j’étais petit j’allais me balader dans le parc qui jouxtait l’enceinte. Plus jeune, on n’avait pas beaucoup d’argent et on attendait la deuxième mi-temps des matchs car à l’époque les entrées étaient alors gratuites pour tous. Le club était alors en championnat de France amateur. Mon histoire avec le Stade de Reims est longue, je connais les dirigeants, je connais pas mal de joueurs. Ce n’est pas la première fois qu’il m’honore ainsi. J’ai déjà donné pas mal de coups d’envoi mais là c’est plus que ça avec mon nom sur le maillot. C’est une vraie fierté et une reconnaissance locale. Je suis fier d’être rémois.

Vous l’avez dit, le club a traversé une période difficile quand vous étiez jeune. Connaissez-vous bien l’histoire légendaire du Stade de Reims ?

Quand tu es rémois, tu es obligé de connaître cette histoire. Le Stade de Reims c’est deux finales perdues de Coupe d’Europe des clubs champions face au Real Madrid, plusieurs titres de champions de France et deux coupes de France. On parle tout le temps de Saint-Etienne mais Reims est l’un des clubs de foot les plus mythiques de France. Je me dis parfois qu’il n’est pas reconnu à sa juste valeur. La saison dernière, on a été champion de Ligue 2 au terme d’un beau parcours. Je suis content qu’il soit remonté en Ligue 1.

Avez-vous hésité entre le football et l’athlétisme à un moment donné ?

J’ai pratiqué plusieurs sports. Le foot est une passion et occupe une place à part. Mais j’ai commencé l’athlétisme jeune et je suis vite tombé dedans. Je me serais bien vu numéro 10, grâce à mon tempérament de leader. J’aime bien mener mon équipe et distribuer les ballons.

Un numéro 10 avec de l’endurance ?

Un numéro 10 se doit d’avoir de l’endurance pour tenir tout un match, orienter le jeu en permanence. ça fait tout sur le terrain.

Après votre titre, vous avez évoqué en direct à la télévision une possible retraite avant finalement plus tard de parler des JO 2020. Qu’en est-il ?

Je me suis mal exprimé. Quand je parlais d’arrêter, je parlais d’arrêter la piste et me reconvertir sur la route. Le marathon m’attire et je pense que tous les coureurs devraient s’orienter vers cette épreuve qui est mythique. J’ai envie de me lancer après Tokyo 2020.

Vous croyez vraiment possible de remporter le titre olympique, qui vous échappe encore, au Japon ?

J’y crois, j’ai obtenu trois médailles olympiques et deux lors des mondiaux. Je suis souvent passé proche du titre. Il me reste deux ans avant les JO. J’ai encore la force et la motivation pour cela. Cette année, j’ai tenté certaines choses pour sortir de ma zone de confort en changeant ma manière de m’entraîner, en l’orientant vers le long. Je pouvais me le permettre au niveau européen. Du coup, j’ai perdu de la vitesse. Cela n’a pas marché en terme chronométrique et je vais revenir vers ce que je connais.

Quel est votre pronostic pour le match ?

Lyon est une grosse équipe. J’espère sincèrement que cela sera un beau match, qu’il y aura du spectacle. J’aimerais bien sûr que Reims l’emporte mais que le meilleur gagne.