Mis sous pression par la droite américaine, Facebook s’est résolu à prendre des mesures drastiques pour limiter les ventes de drogue sur le réseau social. Selon un rapport du Centre de contrôle des maladies (Centers for Disease Control, CDC), environ 30 000 cas d’overdoses dues à des opioïdes ont été relevés aux États-Unis en 2017.

Souvent légales sur ordonnance, ces substances agissant sur le système nerveux font l’objet d’un véritable trafic outre-Atlantique, et les transactions se font majoritairement sur Internet. Facebook est depuis longtemps pointé du doigt pour son laxisme dans la lutte contre ce trafic. « Votre plate-forme est utilisée pour contourner la loi et permettre à des gens d’acheter des drogues hautement addictives sans ordonnance », avait accusé David McKinley, représentant républicain de Virginie-Occidentale à la Chambre des représentants des États-Unis lors de l’audition de Mark Zuckerberg. « Avec tout le respect que je vous dois, Facebook autorise une activité illégale. En faisant cela, vous portez atteinte à la santé de ces personnes. »

Mark Zuckerberg lors de son audition devant le parlement des États-Unis, le 10 avril 2018. / LEAH MILLIS / REUTERS

« Il y a un certain nombre de domaines dans lesquels nous devons faire un plus gros travail de contrôle » avait alors répondu Mark Zuckerberg, fondateur et PDG de Facebook. Cette phrase semble constituer l’interchangeable ligne de défense du réseau social face aux nombreuses critiques dont il fait l’objet. Après les ingérences dans les élections et les incitations à la haine, ce nouveau problème a semble t-il été pris très au sérieux par le réseau social.

Des modifications dans le moteur de recherche de Facebook

Depuis la publication du rapport du CDC, des changements semblent avoir été opérés dans le moteur de recherche du réseau social aux États-Unis. Les termes « OxyContin », « Xanax », « fentanyl » ainsi que d’autres noms d’opioïdes, mais aussi de drogues comme « LSD », ne renvoient plus de résultats en dehors des vidéos d’actualité sur les dégâts de ces substances. Sur certaines recherches comme « Buy Xanax », Facebook teste même une nouvelle fonctionnalité, « Can we help ? », afin de rediriger les utilisateurs victimes d’addiction vers le site de l’Administration de la toxicomanie et des services de santé mentale, une division du ministère de la Santé et des Services sociaux des États-Unis.

Le trafic d’opioïdes, ici l’oxycodone-acétaminophène, gangrène la société états-unienne. / Patrick Sison / AP

Sur Instagram, propriété de Facebook, la lutte s’était déjà intensifiée en avril également avec la suppression pure et simple de certains hashtags comme « #Fentanyl ». À l’époque, une activiste nommée Eileen Carey avait vigoureusement critiqué la firme californienne, notamment sur l’inefficacité du système de signalement des pages ou groupes permettant la vente d’opioïdes.