La ministre autrichienne des affaires étrangères, Karin Kneissl, et Vladimir Poutine, le 18 août à Gamlitz. / ROLAND SCHLAGER / AFP

Un mariage et une invité qui font polémique en Autriche. Le président russe Vladimir Poutine a assisté samedi 18 août au mariage de la ministre autrichienne des affaires étrangères, Karin Kneissl, nommée par le FPÖ (extrême droite). Selon l’opposition cette présence remettrait en cause la réputation de neutralité politique de l’Autriche qui assure la présidence tournante de l’Union européenne (UE).

M. Poutine faisait partie de la centaine d’invités qui ont assisté à la cérémonie à Gamlitz, un village viticole des environs de Graz, dans le sud-est de l’Autriche. Le président russe a notamment été pris en photo en train de danser avec Karin Kneissl, qui a épousé l’homme d’affaires Wolfgang Meilinger. Parmi les invités figuraient également le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz (ÖVP, parti populaire d’Autriche) – qui préside depuis le 1er juillet le conseil de l’Union européenne – et le vice-chancelier d’extrême droite Heinz-Christian Strache.

« Poutine est l’adversaire le plus agressif de l’UE »

M. Poutine est venu accompagné d’une troupe de chanteurs cosaques qui s’est produite pour le couple. Des centaines de policiers ont été déployés à l’occasion de la cérémonie et la route reliant le village à l’aéroport de Graz a été fermée dans les deux directions à l’arrivée et au départ du président russe.

Le président russe a été raccompagné à l’aéroport par M. Kurz, puis s’est rendu directement en Allemagne pour une rencontre programmée dans la soirée avec la chancelière allemande Angela Merkel près de Berlin. « Comment la présidence autrichienne de l’UE peut-elle jouer comme elle le prétend un rôle d’intermédiaire honnête (entre les 28 et Moscou) si la ministre des affaires étrangères et le chancelier se placent aussi clairement d’un côté ? » s’était ainsi interrogé vendredi le ténor social-démocrate (SPÖ, opposition) Andreas Schieder.

Le parti Vert (opposition) avait pour sa part demandé la « démission immédiate » de la ministre, soulignant que « Vladimir Poutine est l’adversaire le plus agressif de l’UE en matière de politique étrangère ». M. Strache a rejeté les critiques sur la visite et les frais qu’elle a occasionnés.

« Chaque manifestation gauche-Verts, avec ses possibles émeutes, embouteillages, coûts en matière de sécurité, coûte au contribuable autrichien beaucoup plus que la visite respectueuse du président russe en l’honneur de notre ministre des affaires étrangères et de notre pays. »