Le rappeur Kaaris au tribunal de Créteil, le 3 août 2018. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

La direction de l’administration pénitentiaire (DAP) a annoncé, samedi 18 août, qu’une enquête avait été ouverte, et le parquet saisi, suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’images du rappeur Kaaris à l’intérieur de la prison de Fresnes, où il a été placé en détention provisoire le 3 août après une rixe avec son rival Booba à l’aéroport d’Orly.

Sur plusieurs comptes Twitter et Instagram, repris par différents médias, on peut voir des photos et vidéos du rappeur avec les faisant les cent pas dans une cour de la prison, et en selfie aux côtés d’un autre détenu. Des images vraisemblablement prises et diffusées sur les applications Snapchat et Instagram.

Le Parisien rapporte également qu’un compte Facebook a publié une capture d’écran de la fiche de détenu de Kaaris provenant d’un logiciel de l’administration pénitentiaire. Ce dernier document comprend des informations sur le détenu, notamment son solde de cantine (argent provisionné en prison), qui n’ont pas vocation à circuler, a souligné la DAP, en annonçant l’ouverture d’une enquête interne au sein de l’établissement pénitentiaire.

« La cellule [de Kaaris] a été fouillée vendredi soir [17 août] et un téléphone portable saisi », a ajouté la DAP dans sa communication du 18 août. Selon une source syndicale à Fresnes (Val-de-Marne), un téléphone a également été saisi dans la cellule du détenu auteur du selfie.

Les portables sont « une plaie »

Pour les syndicats, ces nouvelles fuites n’ont rien d’exceptionnel. En 2016, plus de 33 000 téléphones mobiles ont été saisis dans les prisons françaises, qui comptaient alors autour de 68 000 détenus, selon les chiffres de la DAP.

À Fresnes, les portables sont « une plaie », a expliqué à l’AFP Cédric Boyer, du syndicat FO : les appareils, de plus en plus petits et indétectables, « entrent par projection [par-dessus les murs], par les parloirs ». Dans un entretien à France Info, il précise : « On ne va pas caricaturer parce que cela concerne Kaaris, mais les téléphones, il y en a énormément en détention qui entrent par les parloirs et divers trafics. (…) C’est aussi un problème de sécurité, car on sait que les évasions, les pressions sur les victimes les trafics, c’est fait grâce aux téléphones portables qui sont en détention. »

Alors que les syndicats réclament un « brouillage effectif » des téléphones et une plus grande latitude dans l’organisation des fouilles des détenus, le ministère de la justice a annoncé en janvier le lancement de deux chantiers : d’une part le déblocage dès cette année d’une enveloppe de 15 millions d’euros pour « garantir un brouillage effectif » et d’autre part l’installation de 50 000 téléphones fixes en cellule, pour ne pas couper les détenus de leurs proches.

Le 1er août, les frères ennemis du rap français Booba et Kaaris et leurs clans s’étaient violemment affrontés à l’aéroport d’Orly sous les yeux de passagers. Ils seront jugés pour violences aggravées le 6 septembre à Créteil. Le tribunal a ordonné leur placement en détention en attendant. L’un des proches de Booba a toutefois été libéré depuis. Ils risquent jusqu’à sept ans de prison et 100 000 euros d’amende.

Booba et Kaaris à Orly : la bagarre filmée par des amateurs
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