« ICEBERG : The context as starting point », une œuvre de l’artiste espagnole Cristina Garrido. / CRISTINA GARRIDO

Le monde de l’art présente quelques similitudes avec celui du foot. Les projecteurs sont toujours braqués sur l’élite, celle des foires comme la FIAC ou Art Basel, où les collectionneurs du monde entier se disputent les trophées. Au mépris des salons essentiels qui donnent leur chance aux artistes à fort potentiel et aux galeries moins en vue.

Art-o-Rama, organisé du 31 août au 2 septembre à Marseille, est un must pour les amateurs raisonnablement argentés, mais non moins passionnés. Une foire au soleil quand vient la fin de l’été, qui permet de se faire l’œil et de humer les tendances du moment. Sans se ruiner, la convivialité en plus.

Pas facile il y a dix ans d’attirer le chaland à la Friche Belle de Mai, mieux connu des skaters et des grapheurs que des amis du MoMA. A fortiori dans une ancienne cartonnerie sans climatisation, où galeristes et visiteurs suaient à grosse goutte. Mais les organisateurs voulaient croire que Marseille pouvait sortir de son folklore et la foire, trouver sa place dans le calendrier arty.

Prix accessibles

Résistant à la facilité, Art-o-Rama participe, tout comme le Mucem, à complexifier l’image d’une ville moins simple qu’elle en a l’air. En 2017, la foire s’est déclarée plus cool que jamais, référence à sa nouvelle climatisation. Mais aussi à sa capacité à trouver le nec plus ultra de l’art contemporain international.

Une œuvre de l’artiste britannique Zoe Williams, à découvrir chez le galeriste Antoine Levi. / DR

Beaucoup de jeunes galeries ont fait leurs armes à la Friche-Belle de mai, avant de rejoindre des foires plus en vue. En juin dernier, par exemple, le Parisien Antoine Levi, qui s’est fait connaître d’un plus grand public grâce à Art-o-Rama, fut sélectionné par Art Basel pour sa section Statement.

Signe de son succès : dès cette année, les stands seront installés dans le bâtiment retapé du J1 dans le nouveau quartier des Docks. Sans pour autant perdre son ADN, taille humaine et bon esprit. « On garde un côté intime avec trente et un exposants, ce n’est pas une grosse machine, insiste son directeur Jérôme Pantalacci. Pour que les jeunes collectionneurs s’y sentent à l’aise. »

Ceux qui ont fréquenté Art-o-Rama par le passé y ont souvent déniché des artistes devenus depuis des coqueluches

L’amateur marseillais Sébastien Peyret abonde : « Je me souviens de vrais échanges. J’ai le temps de discuter, de découvrir le programme d’une galerie ce qui est inimaginable pendant la FIAC. Les galeristes ne viennent pas avec la pression de la rentabilité et ils ne nous mettent pas la pression non plus ». Les prix y sont accessibles, entre 100 euros pour les éditions cocasses produites par la galerie We do not work alone, et jusqu’à 25 000 euros.

Ceux qui ont fréquenté Art-o-Rama par le passé y ont souvent déniché des artistes devenus depuis des coqueluches. C’est là que le collectionneur belge Christophe Veys a découvert le travail de l’Espagnole Cristina Garrido. « Au début, je ne voulais pas y aller : une foire aussi petite en nombre de participants ne m’intéressait pas, raconte ce timide qui se soigne. Mais j’ai été conquis. Pour moi, c’est la foire la plus intéressante du monde, une oasis précieuse quand toutes les foires ont tendance à être dans le gigantisme. »

Une œuvre de l’artiste Alan Michael. / PLASTIQUES

Cette année, les amateurs auraient tout intérêt à regarder la Brésilienne Ana Mazzei chez Emmanuel Hervé, la Britannique Zoe Williams chez Antoine Levi, mais aussi des artistes plus établis mais encore mal connus comme Salvo, décédé en 2015, présenté par sa fille, la galeriste Norma Mangione.

Art-o-Rama, du 31 août au 2 septembre, www.art-o-rama.fr.