Un centre de traitement d’urgence contre Ebola, à Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo, le 15 août 2018. / JOHN WESSELS / AFP

Avec 49 morts et plus de 2 000 personnes suivies, le bilan de l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola s’élève graduellement depuis dix-huit jours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), fragilisé par la violence et les déplacements de population.

L’épidémie signalée le 1er août dans la province du Nord-Kivu a fait 49 morts sur 90 cas signalés, selon le dernier bulletin de situation épidémiologique du ministère congolais de la santé, daté du samedi 18 août. La direction générale de lutte contre la maladie recense 22 décès parmi les 63 cas confirmés par des tests en laboratoire et 27 décès probablement dus à Ebola en raison d’un « lien épidémiologique » avec le virus.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’attend à davantage de cas. « On ne sait pas si toutes les chaînes de transmission ont été identifiées », a déclaré vendredi à la presse un porte-parole, Tarik Jasarevic, depuis le siège à Genève.

Guérison d’une fillette

La plupart des décès (39) ont été enregistrés dans la bourgade agricole de Mangina, à 30 km au sud-ouest de Beni, d’où est partie l’épidémie. Trois décès ont été aussi répertoriés dans la province voisine de l’Ituri. Selon le ministère congolais de la santé, les équipes sur le terrain ont identifié 2 157 « contacts », à savoir des personnes qui ont pu être en contact avec le virus. Les professionnels de santé mènent « un travail colossal pour suivre ces contacts, continuer la recherche active de cas et préparer le terrain aux équipes de vaccination », affirme le ministère.

La vaccination est utilisée, comme lors de la dernière épidémie qui a touché la province de l’Equateur, dans le nord-ouest du pays, et dont la fin a été annoncée le 24 juillet (33 morts sur 54 cas au total). Les équipes médicales à Beni et Mangina « ont commencé à utiliser la molécule thérapeutique Mab114 dans le cadre du traitement des malades », a précisé cette semaine le ministère congolais de la santé. Le Mab114 est issu « des recherches faites sur le sérum d’un survivant de l’épidémie d’Ebola à Kikwit [centre de la RDC] en 1995 » et c’est « la première molécule thérapeutique utilisée contre le virus » au cours d’une épidémie, précise-t-on.

Un cas de guérison d’une fillette de 13 ans a été signalé à Beni. « Deux enfants sont déjà décédés de la maladie. Les centres de traitement contre Ebola à Beni et Mangina prennent actuellement en charge six enfants infectés par la maladie ou suspectés de l’être. L’Unicef a identifié à ce jour 53 enfants orphelins d’Ebola », s’est inquiété dans un communiqué, vendredi, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). « J’ai perdu huit membres de ma famille », a témoigné sur la chaîne de télévision TV5 Monde Dieudonné, un jeune originaire de Mangina.

Rebelles ougandais

La RDC a connu dix épidémies d’Ebola depuis 1976. Mais c’est la première fois que le virus sévit dans une zone de conflit armé densément peuplée, avec d’importants mouvements de population. Beni et sa région vivent sous la menace des Allied Defense Forces (ADF) ougandais, responsables présumés du massacre de plusieurs centaines de civils depuis 2014 et du déplacement de milliers de personnes.

Rencontrée par un correspondant de l’AFP, une cultivatrice de 26 ans affirme avoir trouvé refuge dans une église protestante à Beni après avoir fui la violence attribuée aux ADF plus au nord à Kokolo. « Nous sommes nombreux dans cette chapelle et les conditions de vie ne sont pas bonnes. Je crains pour ma santé, car Ebola est plus dangereux que d’autres maladies », s’inquiète Micheline Kanduki.

A Beni, plusieurs barrages sanitaires ont été installés pour le lavage des mains à l’eau chlorée et la prise de température. Une femme avec une température de 39 °C a été immédiatement conduite à l’hôpital général, a constaté l’AFP. « C’est un cas suspect », a commenté un agent sanitaire. Des points de lavage des mains et un centre pour cas suspects ont également été mis en place dans la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma (environ 1 million d’habitants), à une heure d’avion de Beni.