Le siège de l’Organisation mondiale du commerce, à Genève, en Suisse. / DENIS BALIBOUSE / REUTERS

La Turquie a demandé formellement, lundi, l’ouverture de « consultations » avec les Etats-Unis devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à propos des droits de douane de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium.

Ankara juge ces mesures « incompatibles avec un certain nombre de dispositions de l’Accord de l’OMC sur les sauvegardes et de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) de 1994 », selon le document de demande publié lundi. « La Turquie attend avec intérêt de recevoir une réponse des Etats-Unis à la présente demande, en vue de déterminer une date mutuellement convenable pour la tenue de consultations. »

De nombreux membres de l’OMC ont déjà saisi cette organisation pour contester les taxes américaines, notamment l’Union européenne, la Chine, la Russie, la Suisse, le Mexique et le Canada.

En vertu des règles de l’OMC, après une période de soixante jours sans consultations conduisant à un règlement du conflit, la Turquie pourra demander à l’OMC de constituer une instance d’arbitrage, déclenchant ainsi un long et coûteux processus, qui pourrait durer des années.

Réponse turque aux sanctions américaines

La semaine dernière, le gouvernement turc a déjà adopté des mesures de rétorsion à l’égard des Etats-Unis pour protester contre la hausse des droits de douane sur l’acier et l’aluminium.

Une large gamme de produits américains a ainsi été visée, comme les véhicules de tourisme, dont les tarifs douaniers s’élèvent désormais à 120 %, certaines boissons alcoolisées (140 %), le tabac (60 %) ou encore le riz et certains produits cosmétiques.

La guerre commerciale a fait chuter la devise turque face au dollar : celle-ci a perdu près de 40 % de sa valeur depuis le début de l’année.

Les relations entre Ankara et Washington sont au plus bas, du fait notamment de la détention en Turquie pendant un an et demi du pasteur américain Andrew Brunson, désormais assigné à résidence.

Washington a refusé, lundi, une proposition turque de libération du pasteur en échange de l’abandon des procédures contre la banque Halkbank, selon le Wall Street Journal.

L’établissement bancaire turc est soupçonné par les Etats-Unis d’avoir aidé l’Iran à contourner les sanctions américaines, et pourrait faire face à une importante amende.