La crise au Venezuela expliquée en quatre minutes
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Le gouvernement brésilien s’est réuni en urgence, dimanche 19 août, et a ordonné l’envoi de troupes à la frontière avec le Venezuela après des heurts entre la population locale et des migrants, dans une ambiance de tension croissante. Un contingent de 120 membres de la Force nationale est attendu dans la région de Pacaraima, dans le nord du Brésil.

Dans cette ville frontalière de 12 000 habitants, le vol et l’agression d’un commerçant, attribués à des Vénézuéliens, ont causé des affrontements samedi. Des dizaines d’habitants ont détruit les deux principaux camps de fortune où vivent un millier de migrants et brûlé leurs affaires. Des coups de feu ont été tirés, les magasins fermés et des débris divers jonchaient les rues. Trois Brésiliens ont été blessés, selon la police militaire. Aucune information n’était disponible concernant des victimes du côté vénézuélien.

Retour au calme

Après ces affrontements, « environ 1 200 migrants sont retournés au Venezuela » dans la nuit de samedi à dimanche, selon le porte-parole du groupe multidisciplinaire brésilien (ONG, armée, organisations locales) opérant à la frontière avec le Venezuela. La ville de Pacaraima « ressemble aujourd’hui à un désert. Tout est très calme, des renforts de police sont arrivés et les marchés ont rouvert », a déclaré un habitant qui souhaite rester anonyme. La gouverneure de l’Etat local de Roraima, Suely Campos, avait demandé des renforts à la frontière, car elle craint « l’essor de la criminalité », qu’elle attribue aux migrants.

Des dizaines de milliers de Vénézuéliens fuyant la crise politique, économique et sociale que traverse leur pays ont rejoint le Brésil ces dernières années. Au premier semestre, 56 740 Vénézuéliens ont cherché à régulariser leur situation au Brésil pour y obtenir le droit d’asile ou de séjour provisoire. Le ministère vénézuélien des affaires étrangères a appelé le Brésil à « prendre des mesures pour assurer la sécurité des ressortissants vénézuéliens et de leurs biens ».

Crise migratoire en Amérique latine

Les Nations unies évaluent à 2,3 millions le nombre de Vénézuéliens ayant quitté leur pays pour fuir la misère. Plus de 800 000 ont gagné la Colombie, où ils bénéficient d’un droit de séjour temporaire. Face à cet afflux, plusieurs pays d’Amérique latine durcissent leur politique d’accueil. En Equateur, des migrants vénézuéliens sont bloqués à la frontière, où on leur demande désormais un passeport, que la plupart n’ont pas, au lieu d’une simple carte d’identité. Au Pérou, où 20 000 Vénézuéliens sont entrés en une semaine, les passeports seront aussi exigés à partir du 25 août, et les conditions se sont durcies pour demander un permis temporaire de travail. Certains migrants vénézuéliens traversent différents pays d’Amérique du Sud pour se rendre jusqu’en Argentine, qui mettra en œuvre en septembre un contrôle plus strict des flux migratoires, a fait savoir le directeur national des services migratoires argentins, dans le journal La Nacion.

La crise au Nicaragua pousse aussi des milliers de personnes à se réfugier au Costa Rica voisin de peur d’être interpellés. Ils fuient la répression du président Daniel Ortega, qui a fait plus de 300 morts au cours des derniers mois. Des centaines de personnes ont manifesté samedi au Costa Rica, parfois violemment, contre les migrants.