La patronne (sur le départ) de PepsiCo, Indra Nooyi, à New York, le 24 juillet. / Dimitrios Kambouris / AFP

La patronne de PepsiCo, Indra Nooyi, est sur le départ. Mais avant de tirer sa révérence, elle a signé une nouvelle et peut-être dernière opération stratégique. Lundi 20 août, elle a ainsi annoncé l’acquisition de la société israélienne Sodastream. Pour s’offrir ce fabricant de machines à gazéifier l’eau, le géant américain n’a pas hésité à débourser 3,2 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros). Cela représente une prime de 32 % par rapport à la valeur boursière de l’entreprise sur les trente derniers jours et classe Sodastream comme la sixième plus importante acquisition de PepsiCo.

Sodastream a connu un parcours tumultueux. Cette société s’est d’emblée fait remarquer par son marketing agressif. Par le biais de campagnes publicitaires chocs, et en s’achetant un temps l’image de l’actrice américaine Scarlett Johansson, elle s’est attaquée sans vergogne aux deux mastodontes du soda : Coca-Cola et Pepsi. Son objectif: convaincre les consommateurs de fabriquer eux-mêmes leurs boissons gazeuses. Et, partant, d’acheter une machine Sodastream, qui gazéifie l’eau du robinet pour obtenir soit une eau gazeuse soit un soda au goût cola, orange ou citron en ajoutant une capsule de concentré d’arôme.

Cependant, l’entreprise a pâti de la polémique liée à l’implantation d’une usine dans une colonie israélienne en Cisjordanie. Un site qu’elle a été contrainte de fermer après une campagne d’appel au boycott. Sodastream – qui est cotée au Nasdaq depuis 2010 – a également souffert de la désaffection des consommateurs pour les sodas et les boissons sucrées. Cette conjonction d’événements s’est traduite par un trou d’air en Bourse.

Ventes de soda en berne aux Etats-Unis

En difficulté, la société a fait un premier pas vers PepsiCo fin 2014, lorsqu’un accord de commercialisation de concentrés de PepsiCo a été signé. Une réponse à la décision qu’avait prise, début 2014, son grand rival Coca-Cola d’investir dans Keurig Green Mountain. Cette société américaine fabriquait des machines de café à dosettes et souhaitait se diversifier avec machines à soda et eau gazeuse. Une réaction à la concurrence de Sodastream. Mais Keurig Green Moutain a abandonné son projet de diversification en 2016 et le géant d’Atlanta a cédé ses parts au fonds d’investissement JAB.

PepsiCo fait le chemin inverse en s’emparant de Sodastream. L’entreprise a affiché un chiffre d’affaires de 543 millions de dollars en 2017, en progression de 14 % et un résultat net de 74 millions de dollars. L’opération illustre la volonté de Pepsi de continuer à diversifier son offre, alors que les ventes de soda sont en berne aux Etats-Unis. D’autant que l’entreprise israélienne a repositionné ses machines sur la fabrication maison d’eau gazeuse et d’eaux aromatisées peu sucrées et que son argument écologique dénonçant l’usage de bouteilles en plastique reste d’actualité.