Le juge Raymond Zondo, lundi 20 août à Johannesburg, lors de la séance d’ouverture de la commission spéciale enquêtant sur les accusations de corruption contre l’ancien président Jacob Zuma. / SIPHIWE SIBEKO / REUTERS

Une commission judiciaire d’enquête a commencé, lundi 20 août à Johannesburg, à se pencher sur les multiples accusations de corruption au sommet de l’Etat sud-africain qui ont abouti à la démission prématurée de l’ex-président Jacob Zuma, en février. Les conclusions de cette commission spéciale conduite par le vice-président de la Cour constitutionnelle, Raymond Zondo, pourront être transmises au parquet à fin de poursuites.

« Nos investigations vont porter sur les éventuelles influences exercées par certains sur le gouvernement ou des entreprises publiques pour en retirer un bénéfice personnel », a résumé l’un des membres de la commission, l’avocat Paul Pretorius. Elle déterminera également « si le président [Zuma] a violé la Constitution », a ajouté M. Pretorius.

Jacob Zuma est soupçonné d’avoir accordé, pendant la deuxième moitié de sa présidence (2009-2018), de juteux contrats publics et des avantages indus à une sulfureuse famille d’hommes d’affaires, les Gupta, dont il est proche. L’un des fils de M. Zuma, Duduzane, a ainsi été inculpé, en juillet, pour avoir participé en octobre 2015 à une rencontre au cours de laquelle un des frères Gupta, Ajay, a proposé le poste de ministre des finances à Mcebisi Jonas, alors vice-ministre.

Six milliards d’euros détournés

L’ancien ministre des finances Pravin Gordhan, actuellement chargé du portefeuille des entreprises publiques, a estimé à 100 milliards de rands (6 milliards d’euros) le montant des fonds publics détournés ces dernières années dans son pays. Il fait partie des nombreux témoins qui doivent défiler à partir de mardi devant la commission. L’hebdomadaire sud-africain Sunday Times a affirmé dimanche que l’ancien président a été lui aussi invité à témoigner, mais le porte-parole de la commission s’est refusé lundi à le confirmer.

M. Zuma et les Gupta démentent catégoriquement les accusations portées contre eux. Noyé sous une avalanche de scandales politico-financiers, Jacob Zuma a été contraint à la démission en février par son son parti, le Congrès national africain (ANC), plus d’un an avant la fin de son second mandat. Sur décision de la justice sud-africaine, il a lui-même été contraint de nommer la commission d’enquête quelques semaines avant de se retirer.

Son successeur à la tête de l’ANC et du pays, Cyril Ramaphosa, a fait de la lutte contre la corruption sa priorité. Dans sa déclaration liminaire, le juge Zondo a promis lundi que sa commission n’épargnerait personne. Mais il a regretté un « manque de coopération » des autorités. Jacob Zuma est par ailleurs jugé devant un tribunal de Pietermaritzburg (nord-est) pour avoir touché des pots-de-vin en marge d’un contrat d’armement attribué en 1999.