Le ministre des affaires étrangères chinois Wang Yi (à droite) et son homologue salvadorien Carlos Castaneda, le 21 août à Pékin. / JASON LEE / REUTERS

C’est une nouvelle victoire pour la Chine : le Salvador, petit Etat d’Amérique centrale, a établi mardi 21 août des relations diplomatiques avec le géant asiatique. Pékin arrache ainsi un nouvel allié à Taïwan, une île de facto autonome dont il revendique la souveraineté.

Le document établissant les relations diplomatiques a été signé solennellement à Pékin par les ministres des affaires étrangères du Salvador et de la République populaire de Chine dans une pièce décorée des drapeaux des deux nouveaux partenaires.

Après avoir été déjà abandonné en mai par la République dominicaine et le Burkina Faso, Taïwan n’est désormais plus reconnu que par 17 pays.

« Notre gouvernement prend cette décision afin de changer notre stature historique et d’élever notre niveau de vie. Nous espérons que nous pourrons apporter des bénéfices tangibles à nos citoyens et de l’espoir à tous », a déclaré le ministre salvadorien Carlos Castaneda.

Il a assuré que Pékin constituait « un partenaire stratégique ».

La Chine continentale et Taïwan sont dirigés par des régimes rivaux depuis 1949, après une guerre civile entre communistes (basés à Pékin) et nationalistes (réfugiés dans la capitale taïwanaise Taipei). L’île n’est pas reconnue comme pays par l’ONU, mais se gère de façon autonome.

Chine unique

Taïwan n’a cependant jamais déclaré son indépendance. Et Pékin la considère toujours comme l’une de ses provinces vouée à retourner dans son giron.

La Chine populaire interdit ainsi à ses partenaires toute relation officielle avec l’île et s’efforce de convaincre les alliés de Taipei de reconnaître le gouvernement communiste.

Le président du Salvador, Salvador Sanchez Ceren, a confirmé, dans un discours diffusé sur la radio et la télévision nationales, que son gouvernement avait décidé de « rompre les relations maintenues avec Taïwan » et de reconnaître la Chine populaire. « Le Salvador a choisi de s’engager à ne reconnaître qu’une Chine unique, sans préalable, adoptant la même position que la plupart des Etats du globe », s’est félicité Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères.

Le gouvernement communiste basé à Pékin revendique la souveraineté de Taïwan (dont l’appellation officielle est « République de Chine »), estimant qu’elle est une partie inaliénable du territoire chinois.

Taipei avait annoncé un peu plus tôt mardi avoir de son propre chef rompu ses liens avec le Salvador, en se disant convaincu que le pays d’Amérique centrale se préparait à établir des relations avec Pékin.

“Diplomatie du dollar”

Le ministre taïwanais des affaires étrangères Joseph Wu a vivement condamné la stratégie de Pékin visant à isoler diplomatiquement l’île en faisant miroiter de généreux financements aux alliés de Taipei. « Nous n’allons pas nous engager dans une diplomatie du dollar contre la Chine » populaire, a martelé M. Wu. Il a précisé que le Salvador avait réclamé « des financements colossaux » pour le développement d’une infrastructure portuaire, un projet que Taïwan avait refusé de soutenir.

La reconnaissance de la Chine populaire par le Salvador met fin à 58 années d’alliance entre le pays d’Amérique centrale et le gouvernement taïwanais.

Seuls 17 Etats reconnaissent encore Taïwan. Parmi eux : le Vatican, un seul pays africain (eSwatini – ex-Swaziland), ainsi que des nations du Pacifique et d’Amérique latine (Honduras, Guatemala ou Paraguay).

Les relations diplomatiques entre Pékin et l’île se sont envenimées depuis l’arrivée de la présidente Tsai Ing-wen en 2016, issue d’un parti politique traditionnellement en faveur de l’indépendance. Sous son mandat, un total de cinq Etats ont rompu leurs relations avec Taipei.

Après le Costa Rica en 2007, la Gambie en 2013 et Sao Tomé en 2016, puis le Panama l’an dernier, la République dominicaine et le Burkina Faso avaient été les derniers pays en date en mai dernier à changer de partenaire diplomatique en faveur de la Chine communiste.