Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne (à droite) et Dominic Raab, celui du gouvernement britannique, lors de leur conférence de presse conjointe, le 21 août à Bruxelles. / Olivier Matthys / AP

Calmer le jeu et tenter de gommer l’idée que les deux parties seraient désormais résolues à l’idée d’un divorce sans accord : c’est pour ces raisons, sans doute, que Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne (UE) et Dominic Raab, celui du gouvernement britannique, ont interrompu leurs discussions de deux jours, mardi 21 août, pour une brève apparition devant la presse, à Bruxelles.

Peu de nouveauté, à la clé. Hormis le fait qu’Européens et Britanniques vont désormais négocier « en continu » avec l’espoir, peut-être, d’aboutir à un accord sur les termes de la séparation « au début novembre au plus tard », afin que les textes puissent être ratifiés avant la fin mars 2019, date prévue pour la sortie du Royaume-Uni.

« Phase finale »

« Les négociations entrent maintenant dans leur phase finale », a expliqué M. Barnier. M. Raab, nommé en juillet, évoque, lui, une « intensification » des discussions et « l’engagement renouvelé » de Londres pour les poursuivre. Les deux responsables ont soigneusement évité d’évoquer les dernières propositions de la première ministre britannique Theresa May, sur lesquelles son gouvernement s’est divisé et qui ont été, pour la plupart, écartées par Bruxelles.

« Nous allons les lire », affirme toutefois M. Barnier, avant de se corriger : « Nous les examinons »… La question clé, à savoir le fait d’éviter la création d’une frontière hermétique entre l’Irlande du Nord, province du Royaume-Uni, et le reste de l’île, membre de l’UE, n’est en tout cas pas réglée. Les débats achoppent toujours aussi sur la protection des indications géographiques ainsi que sur le contenu de la déclaration politique qui devrait accompagner l’accord de retrait et décrire la nature de la future relation entre les deux parties.

Londres entend continuer à bénéficier des avantages du marché unique, Bruxelles évoque la condition sine qua non du respect des règles sur la libre circulation des personnes, alors que le gouvernement britannique souhaite contrôler de près la migration.

« Livre blanc ou no deal ? »

S’il entend poursuivre la discussion, M. Barnier n’a pas manqué de manifester son agacement quant aux reproches adressés par diverses sources britanniques à une Union qui ne voudrait pas d’un accord. « Nous ne nous laisserons pas impressionner » a-t-il commenté, sans allusion au « Brexit chaotique sans accord, une des plus grandes menaces pour l’Union européenne » qu’évoquait presque simultanément, à Washington, Jeremy Hunt, le ministre britannique des affaires étrangères. Le successeur de Boris Johnson estime que son pays s’en sortirait mieux qu’une Europe, qui souffrirait plus durablement d’un échec de la négociation. M. Raab n’a, lui, pas commenté, préférant évoquer la perspective d’une « résolution politique », qui serait encore possible.

Dans l’entourage du négociateur européen, on ne cache pas que c’est toujours la plus grande incertitude qui règne en raison, principalement, de la situation politique à Londres et singulièrement des divergences au sein parti conservateur de Mme May.

« Quelle option gagnera : le Livre blanc, ou le no deal ? Mystère des mystères, qui ne sera pas résolu à Bruxelles », explique un expert, très circonspect. M. Barnier entend, lui, camper sur une position ferme, tout en ménageant Mme May, dont les dernières propositions étaient, manifestement, surtout destinées à un usage intérieur.