L’avis du « Monde » – on peut éviter

Un cirque tout rond fait un joli microcosme. Si l’on étire son histoire sur un siècle, il y a de quoi faire tout un univers. C’est probablement ce qu’espérait le réalisateur brésilien Carlos Diegues en lançant son « grand cirque mystique » sur les routes et à travers l’histoire de son pays. Mais à l’arrivée, il n’y a qu’une collection de vignettes plus ou moins convaincantes, le souvenir fugace de personnages dont on a l’impression de n’avoir fait que les croiser.

Ces imperfections frustrantes sont peut-être à mettre sur le compte de la longue gestation du projet. Au commencement était un poème de Jorge de Lima, écrit en 1940 qui racontait, en une cinquantaine de vers, la destinée de la dynastie Krieps, issue d’un médecin qui avait quitté la bourgeoisie pour le cirque. En 1983, Chico Buarque et Edu Lobo composèrent les chansons d’un spectacle musical inspiré du poème.

Vincent Cassel en prestidigitateur

On retrouve ces ingrédients dans le scénario de Carlos Diegues et George Moura. Cinq générations se succèdent à l’écran, ce qui, étant donné la relative brièveté du film, ne laisse guère de temps pour faire leur connaissance. On entrevoit Vincent Cassel en prestidigitateur avide, pressé de quitter le cirque pour l’immobilier, au moment où la seconde guerre mondiale provoque une vague de spéculation au Brésil. Mais c’est l’un des rares détails bien dessinés, il faudra déchiffrer à toute allure les allusions à l’invasion de la télévision dans l’imaginaire collectif, à l’arrivée des militaires au pouvoir.

Le tour allusif du récit convaincra peut-être les connaisseurs de l’histoire brésilienne. Reste que les personnages, leurs relations sont traités avec la même désinvolture. Les tragédies qui les frappent – viol, inceste, suicide – deviennent un chapelet d’incidents parfois distordus par des phénomènes surnaturels qui permettront l’emploi de l’expression « réalisme magique ».

La joliesse des images, la propension du réalisateur à dénuder le corps de ses actrices accentuent encore la sensation de futilité que laisse ce Circo Mistico.

Film brésilien, français et portugais de Carlos Diegues. Avec Jesuita Barbosa, Bruna Linzmeyer, Mariana Ximenes, Vincent Cassel (1 h 30). Sur le Web : www.bodegafilms.com/film/o-grande-circo-mistico