Deux mois après le début de l’épidémie de fièvre charbonneuse dans les Hautes-Alpes, la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) a déposé plainte jeudi 23 août contre X pour « connaître la vérité » sur la résurgence de cette maladie transmissible à l’homme. Le syndicat Jeunes Agriculteurs (JA) doit faire de même vendredi.

Une partie du sud du département est confrontée à la plus importante anazootie de fièvre du charbon (anthrax en anglais) observée en France depuis près de vingt ans, une maladie potentiellement mortelle pour l’homme dans ses formes les plus rares. « Vu le préjudice moral et financier que subissent les éleveurs, ils sont en droit de savoir d’où est sortie cette bactérie », résume René Laurans, président de la FDSEA des Hautes-Alpes, majoritaire dans le département.

« Situation critique »

La bactérie Bacillus anthracis survit des dizaines d’années sous forme de spores dans les terres où ont été enterrés par le passé des animaux morts du charbon ou porteurs de la maladie : des « champs maudits », non cartographiés dans le département.

Le vaccin est le moyen le plus efficace pour enrayer l’épidémie. Mais, face à une pénurie temporaire, due à la fermeture en août du laboratoire espagnol qui le produit, les éleveurs espèrent « que l’Etat fera le nécessaire pour trouver le plus grand nombre de vaccins, dans les plus brefs délais », ajoute Alexandre Lagier, président de Jeunes Agriculteurs des Hautes-Alpes. « Nous avons acheté les deux cents flacons disponibles et commandé quatre cents flacons supplémentaires qui seront livrés fin septembre », précise-t-il. 

« L’Etat a entamé des discussions avec ses partenaires européens pour évoquer la disponibilité et le rachat des vaccins » dont ils disposent, disait en début de semaine à La Provence Agnès Chavanon, secrétaire générale de la préfecture des Hautes-Alpes. Pour Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et député européen, qui a interpellé le gouvernement, « l’enjeu est considérable et la situation critique ».

Soupçons sur des travaux d’une ligne haute tension

Les autorités dénombrent vingt-trois foyers sur treize communes et cinquante bêtes mortes, (bovins, ovins et équins). Selon l’Agence régionale de santé (ARS), cent trois personnes entrées possiblement en contact avec la maladie ont été recensées. La moitié bénéficie d’un traitement antibiotique préventif. Aucun malade, aucun nouveau cas n’a été depuis observé, selon l’ARS.

Le monde agricole soupçonne « d’importants travaux concernant une ligne haute tension du Réseau de transport d’électricité (RTE).  » Les premiers cas de bêtes mortes sont survenus en dessous des pylônes « dans les communes du départ de la maladie », selon Sandrine Hauser, secrétaire générale de la FDSEA.

Ces travaux « ne semblent pas à l’origine de la résurgence de la bactérie », assurait en début de semaine Mme Chavanon. Une enquête épidémiologique de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) est en cours. Dès qu’un foyer est confirmé, les animaux concernés sont vaccinés et des mesures de blocage de l’exploitation, d’au moins vingt et un jours, prises par les autorités. Le lait collecté doit être pasteurisé et détruit.