Serena Williams avait fait sensation, en mai 2018, avec une tunique originale. / Michel Euler / AP

Sa tenue est encore dans tous les esprits. Lors du dernier Roland-Garros, Serena Williams arborait une étrange combinaison noire moulante avec ceinture rose à la taille. « J’ai toujours voulu être une super-héroïne et c’est un peu une manière d’en devenir une », affirmait alors l’Américaine aux 23 titres du Grand Chelem. En plus de la faire rêver, cette tenue atypique lui évitait la formation de caillots de sang dont elle souffrait depuis son accouchement.

« Ce n’est pas vraiment typique, mais qu’est-ce qui est typique ? Qui fixe les règles ? », s’interrogeait alors Serena Williams face aux critiques. L’Américaine a dorénavant sa réponse, celle apportée par Bernard Giudicelli. Le président de la Fédération française de tennis (FFT) n’a que très peu apprécié cette extravagance vestimentaire et souhaite changer les mœurs de Roland-Garros. « Je crois qu’on est parfois allé trop loin », a déclaré le président de la FFT dans un entretien accordé à Tennis Magazine, avant de préciser que ce type de tenues atypiques « ne sera plus accepté », afin de « respecter le jeu et l’endroit ».

Cette annonce surprend alors que les jeux de couleur et autres fantaisies font partie de l’histoire du tournoi de Roland-Garros. La Fédération française de tennis a même consacré en 2016, dans son musée, une exposition intitulée « Jeu, set et mode » où étaient présentées toutes les tenues portées par les champions pour ce tournoi.

D’André Agassi à Venus Williams, les équipementiers et joueurs stars du tennis n’ont cessé de rivaliser d’imagination pour faire du tournoi parisien un rendez-vous sportif et culturel. Alors en charge de l’exposition au musée de Roland-Garros, Michaël Guittard estimait même, dans sa présentation de l’exposition, que « les joueurs pouvaient se permettre de faire un défilé de mode sur le central et ainsi apporter des révolutions en matière de tennis et de mode ».

Le short rayé a porté chance à Stanisla Wawrinka en 2015 / Christophe Ena / AP

La tenue « nuisette » de Venus Williams en 2006 ou encore le short « pyjama » de Wawrinka en 2015 se sont révélés être des coups de communication très efficaces. Pour écrire la légende du sportif mais aussi pour faire briller son équipementier. En 1990, Nike révolutionne ainsi le vêtement de sport en habillant André Agassi d’un short en jean et de tenues fluorescentes, se singularisant dans le marché du prêt-à-porter sportif. Le légendaire tournoi parisien devient le lieu des essais et des excès. En 2015, Adidas fournissait jusqu’à 17 joueurs, pour autant de modèles différents et originaux.

Alors, une révolution puriste est-elle en marche ? « Pas question d’aller aussi loin que Wimbledon », précise Bernard Giudicelli. Sur le gazon londonien, le blanc immaculé est de rigueur. Du bandeau aux chaussures en passant par les sous-vêtements, rien ne doit détonner. Une autre forme d’excès. « C’est très strict. Mon opinion ? C’est trop strict. J’adore Wimbledon, mais ils vont trop loin, leur dress code devient ridicule », avait même déclaré Roger Federer en 2013, reconnaissant que « pour les marques, ça oblige à être inventif et c’est un challenge ». Un casse-tête qu’elles ne connaissent pas à Paris.

Si les réglementations souhaitées par le président de la FFT ne s’appliqueront pas à l’édition 2019 du tournoi de la porte d’Auteuil, les modèles étant déjà dessinés, les équipements seront ensuite communiqués à l’avance à la fédération pour un contrôle. Un dress code plus classique devrait donc voir le jour en 2020.