Discours de Jean-Luc Mélenchon, lors de l’université d’été de La France Insoumise au Parc Chanot de Marseille, le samedi 25 août. / Arnold Jerocki / Divergence pour Le Monde

C’est devenu une habitude depuis l’élection présidentielle de 2017. Jean-Luc Mélenchon n’a de cesse de se présenter comme le principal opposant à Emmanuel Macron. Pour lui, il n’y a qu’un seul adversaire à sa hauteur : le chef de l’Etat. Dans un discours de près de deux heures, aux allures de discours de politique générale où de nombreux thèmes ont été abordés (aussi divers que la planification écologique, la pêche électrique, la 6e République, l’Europe, la politique de l’eau), le député des Bouches-du-Rhône a ainsi visé M. Macron à de nombreuses reprises.

Profitant de l’échéance des élections européennes qui auront lieu en mai 2019, il a appelé les Français à se servir de ce scrutin comme d’un « référendum anti-Macron ». « Il y a des élections européennes. Nous allons faire de cette élection un référendum anti-Macron. Nous allons inviter les Français à lui mettre une raclée, c’est la démocratie ! Je parle d’une raclée démocratique », a lancé M. Mélenchon devant les militants rassemblés malgré le fort mistral (3 200 personnes ont assisté à l’université d’été de La France insoumise qui se réunit à Marseille jusqu’à dimanche 26 août).

Revenant ensuite sur l’affaire Benalla, Jean-Luc Mélenchon a fustigé les « barbouzes qui cassaient la gueule aux gens pendant qu’ils disaient que l’on incitait à la violence. Ce sont des menteurs, des hypocrites, des faux-culs. Nous ne frappons personne ! »

« On va envoyer un commando de combat au Parlement européen »

Pour le leader des « insoumis », voter « contre Macron » est une manière de voter « contre l’Europe libérale », « l’Europe d’Angela Merkel » dont le président de la République ne serait que « le petit copiste », un « M. Je-sais-tout », un « menteur », un « grand enfumeur public » qui a décidé « de faire l’Europe en défaisant la France ». Qui ne fait que parachever la politique initiée par « l’autre nigaud François Hollande ». « On va envoyer un commando de combat au Parlement européen pour que vous soyez aussi fiers d’eux que de ceux que vous avez envoyés à l’Assemblée nationale, a-t-il ainsi résumé. (…) C’est toujours le même ennemi que l’on combat : la civilisation capitaliste de la finance. C’est elle qui détruit avantages sociaux, qui détruit la République, les écosystèmes. »

Dans ce face-à-face qu’il veut instaurer avec M. Macron, Jean-Luc Mélenchon n’a presque aucun regard pour les autres formations de gauche. A peine une pique voilée à Benoît Hamon quand il dit : « Ceux qui vous disent que l’on peut changer les choses en Europe à traité constant vous mentent. C’est de l’arnaque, de l’enfumage. » M. Hamon assure en effet qu’il est possible « à traité constant, de changer l’Europe ». Mais aussi aux « écologistes qui sont à Europe Ecologie-Les Verts » : « Vous ne pouvez pas être écolos et être pour les traités bugétaires européens, pour l’OTAN et pour la guerre. »

Jean-Luc Mélenchon est ensuite longuement revenu sur le thème des migrants. « C’est un sujet qui, paraît-il, est délicat pour nous. Il ne l’est nullement. Oui, il y a des vagues migratoires, oui, elles peuvent poser de nombreux problèmes aux sociétés d’accueil quand certains en profitent pour baisser les salaires, comme en Allemagne, affirme-t-il. Nous disons : honte à ceux qui organisent l’immigration par les traités de libre-échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salaires et les acquis sociaux ! » Et de continuer, s’adressant, semble-t-il aux dirigeants européens : « Votre attitude est irraisonnable car irraisonnée, vous comptez sur la peur d’une invasion qui n’existe pas. »

M. Mélenchon a également fustigé l’attitude du gouvernement italien dans leur décision de ne plus accueillir les réfugiés, même s’il rejette la faute originelle sur l’Union européenne et son abandon de l’Italie depuis des années face à l’afflux de réfugiés.

Enfin, l’ancien prétendant à l’Elysée a reprécisé l’idée qu’il se fait du rôle de la France en Europe : celle d’un levier de pression pour établir un rapport de force face à la Commission européenne et à ses « politiques libérales ». « Il n’y a pas d’Europe possible sans la France. Nous sommes la deuxième puissance économique du continent. Et nous avons des économies qui ont des intérêts communs avec la troisième et la quatrième puissances économiques : l’Italie et l’Espagne. Nous ne sommes pas isolés », a-t-il juré.