Le pape François est arrivé, samedi 25 août, en Irlande, toujours sous le choc des scandales de pédophilie, au moment où de nouvelles révélations frappent l’église catholique. Il s’agit de la première visite papale depuis celle de Jean-Paul II en 1979. Elle a lieu moins de deux semaines après la publication d’un rapport du procureur général de Pennsylvanie sur les abus sexuels commis par 300 prêtres pendant soixante-dix ans aux dépens d’un millier de victimes.

Le pape a adressé, lundi, une lettre sans précédent aux catholiques du monde entier pour leur demander de contribuer à l’éradication de « cette culture de la mort ». Le Vatican a annoncé, mardi, qu’il rencontrerait des victimes de prêtres pédophiles lors cette visite de deux jours en Irlande, où il a été accueilli par le ministre des affaires étrangères, Simon Coveney, et ses enfants, qui lui ont offert des fleurs.

Des manifestations prévues contre sa venue

Sa visite a débuté par un entretien avec le président Michael Higgins et le premier ministre Leo Varadkar. Ce dernier a appelé le pape à user de sa « position » et de son « influence » pour faire en sorte que « justice » soit rendue aux victimes d’abus commis par des ecclésiastiques dans « le monde entier ». « Nous devons à présent veiller à ce que les paroles soient suivies par des actes », a insisté le chef du gouvernement irlandais. « Par-dessus tout, Saint-Père, je vous demande d’écouter les victimes », a-t-il ajouté, alors que, depuis 2002, plus de 14 500 personnes se sont déclarées victimes d’abus sexuels commis par des prêtres en Irlande.

Le pape a évoqué sa « honte » et sa « souffrance » face à « l’échec des autorités ecclésiastiques » pour affronter de manière adéquate les « crimes ignobles » du clergé en Irlande. « Je ne peux que reconnaître le grave scandale causé en Irlande par les abus sur les mineurs de la part des membres de l’Eglise, chargés de les protéger et de les éduquer », a commenté le pape, qui a eu une pensée particulière aussi pour « les femmes qui, dans le passé, ont subi des situations particulièrement difficiles ».

Le pape doit se rendre ensuite à Knock, lieu de pèlerinage qui attire 1,5 million de fidèles chaque année, avant de terminer son voyage, dimanche, par une messe au Phoenix Park de Dublin, où se dresse toujours la grande croix érigée pour la visite de Jean-Paul II.

Les 500 000 billets disponibles pour y assister ont très vite trouvé preneurs, mais un certain nombre de places ont été réservées par un mouvement baptisé « Say Nope To The Pope » (dites non au pape), qui appelle au boycott de l’événement.

Plusieurs manifestations contre la venue du pape sont également prévues. Des portraits de victimes de prêtres pédophiles accompagnés du hashtag #Stand4Truth (exigez la vérité) ont été projetés, vendredi soir, sur des bâtiments emblématiques de la ville, dont la cathédrale, pour appeler à un rassemblement qui doit coïncider avec la messe de dimanche.

Une veillée silencieuse doit, par ailleurs, se dérouler dimanche également sur le site des Magdalene Laundries, des établissements religieux où des filles-mères étaient « rééduquées » dans des conditions proches de l’esclavage. Les restes de plusieurs centaines de nourrissons y ont été exhumés en 2014.