Donald Trump a réagi à la mort de John McCain, samedi 25 août, par un message publié sur son compte Twitter dans lequel il a présenté ses condoléances à sa famille. Le président des États-Unis n’a pas eu un mot pour l’une des plus grandes figures de la vie politique américaine. Le mépris était sans doute trop profond entre l’iconoclaste qui a déjà modifié l’ADN du Parti républicain et le franc-tireur qui se fiait souvent à sa propre boussole plutôt qu’au programme politique de sa formation avant d’arrêter ses choix.

Donald Trump avait défié avec succès pour la première les lois de la pesanteur en politique, en juillet 2015, en s’en prenant au statut de héros gagné par John McCain dans les geôles vietnamiennes et que le Parti démocrate a rappelé dans son propre hommage au disparu. En 1998, celui qui était alors magnat de l’immobilier et qui avait échappé à la conscription du fait de curieuses excroissances osseuses aux pieds, avait comparé, dans l’émission radiophonique iconoclaste de Howard Stern, au conflit dans l’ancienne Indochine ses tribulations sexuelles dans une Amérique frappée par le virus du sida, une décennie plus tôt, ajoutant.

Point de non-retour

Le mépris réciproque entretenu par les deux hommes avait atteint le point de non-retour lorsque le sénateur de l’Arizona avait fait échec à l’été 2017 à un projet de réforme de l’Obamacare, la protection sociale léguée par l’ancien président démocrate, qui tenait à cœur à Donald Trump, prompt à exiger des élus de son camp une loyauté absolue. Éreinté continuellement par le président, John McCain avait fait savoir publiquement que sa présence ne serait pas souhaitée à ses funérailles.

La liste était longue de leurs divergences, de l’immigration aux relations avec la Russie de Vladimir Poutine en passant par l’utilité de la torture. Jusqu’à son dernier souffle, John McCain s’est d’ailleurs fait un devoir d’appeler les conservateurs à la lucidité face à Donald Trump, une voix qui va désormais cruellement manquer dans une formation en voie de caporalisation.

Rentrer dans le rang

La disparition du président de la commission des forces armées du Sénat porte un coup sévère aux détracteurs républicains du locataire de la Maison Blanche. D’autant que les élections de mi-mandat, en 6 novembre, vont s’accompagner d’autres départs de républicains sans concessions à propos de Donald Trump, qu’il s’agisse de l’autre sénateur de l’Arizona, Jeff Flake, ou du président de la prestigieuse commission des affaires étrangères de la haute assemblée, Bob Corker (Tennessee).

Aucune relève n’est espérée. Les primaires en cours confirment la nécessité, pour espérer l’emporter, d’un alignement sans nuances sur les positions de Donald Trump. Depuis les élections de 2016 et à l’exception du gouverneur sortant de l’Ohio, John Kasich, ceux qui s’étaient opposés au magnat de l’immobilier, qu’il s’agisse des sénateurs Marco Rubio (Floride), Ted Cruz (Texas) ou du libertarien Rand Paul (Kentucky) sont rentrés dans le rang.