David Katz, participant à un tournoi sur le jeu vidéo « Madden NFL 19 », a fait feu sur les autres joueurs, faisant deux morts, avant de se suicider. / GIANRIGO MARLETTA / AFP

Dans la nuit de dimanche à lundi 27 août, un homme a ouvert le feu sur des participants à un tournoi de jeu vidéo à Jacksonville en Floride, faisant deux morts et onze blessés, avant de se suicider. L’auteur présumé, David Katz, figurait lui-même parmi les inscrits à ce championnat de Madden NFL 19, une simulation de football américain très populaire aux Etats-Unis. Les motivations de l’assaillant restent floues.

Dans un communiqué publié dans la nuit, l’éditeur américain du jeu, Electronic Arts, a condamné fermement un « acte de violence absurde », et exprimé ses condoléances aux familles des victimes. « Nous sommes tous ici dévastés par cet événement horrible », a rajouté l’entreprise. Pour le monde du jeu vidéo, davantage habitué à figurer du côté des accusés que des victimes, c’est en effet une tragédie inédite.

En 2015, deux jeunes hommes de 18 et 27 ans avaient bien exprimé leur intention de commettre une tuerie lors des championnats du monde annuels du jeu Pokémon, armés d’un fusil à pompe de calibre .12, d’un fusil d’assaut AR-15, de plusieurs centaines de cartouches de munitions et d’un couteau de chasse, retrouvés dans leur véhicule. Mais leurs messages avaient attiré l’attention des forces de l’ordre, et la police de Boston avait pu les arrêter avant qu’ils passent à l’acte.

Responsabilité souvent évoquée, jamais démontrée

Par le théâtre de la fusillade (un tournoi de jeu vidéo), par la thématique du championnat (un simple jeu de sport) autant que par le profil du tueur présumé (un participant à ce tournoi), cet événement ne ressemble en fait à aucun précédent. Autre première morbide, la fusillade a été entendue en direct par les personnes qui suivaient la retransmission du tournoi sur le service de vidéo Twitch.

Les jeux vidéo sont plus habitués à être montrée du doigt pour leur supposée responsabilité – souvent évoquée, jamais démontrée – dans le passage à l’acte de lycéens tueurs de masse, depuis la tuerie de Columbine en 1999. Sur les réseaux sociaux, de nombreux joueurs et joueuses s’inquiétaient d’ailleurs dans la nuit que la tragédie de Jacksonville puisse susciter de nouvelles associations morbides entre leur loisir et des fusillades.

A l’image de ce message d’Analynn Dang, responsable communauté de l’équipe d’e-sport L.A. Gladiators, et partagé plus de 10 000 fois :

« Levez la main si vous jouez aux jeux vidéo et n’êtes pas une personne violente. Les jeux vidéo ne rendent pas violents. Marre de ces âneries. »

Dans l’industrie, d’autres préféraient souligner le problème de l’accès aux armes aux Etats-Unis. « Un jour très triste pour nous autres joueurs et membres de l’industrie du jeu vidéo. Plein d’amour et de force à ceux qui sont touchés. J’espère sincèrement que les gens se mobiliseront et demanderont que l’on change nos lois. Le pouvoir de la communauté des gameurs peut avoir une énorme influence, je le sais », s’est ému Aaron Greenberg, responsable marketing chez Microsoft. Ni la National Rifle Association, le puissant lobby américain pro-armes, ni le président Donald Trump n’ont réagi à la tuerie de Jacksonville.