Des partisans de l’opposant malien Soumaïla Cissé, à Bamako, le 16 août 2018. / MICHELE CATTANI / AFP

Trois mois après la présidentielle, les électeurs maliens retourneront aux urnes les 28 octobre et 18 novembre pour des législatives, alors que la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta est toujours contestée par son adversaire malheureux, qui dénonce en outre des « arrestations extrajudiciaires » d’opposants.

« Le collège électoral est convoqué, le dimanche 28 octobre 2018, sur toute l’étendue du territoire national, à l’effet de procéder à l’élection des députés à l’Assemblée nationale », a indiqué le gouvernement à l’issue du conseil des ministres. La campagne pour le premier tour se déroulera du 6 au 26 octobre. Un second tour est prévu trois semaines plus tard, le dimanche 18 novembre, « dans les circonscriptions où aucun candidat ou liste de candidats n’aurait obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour ».

Jusqu’à présent, on parlait du mois de novembre pour ce scrutin, qui aura donc lieu un peu moins de cinq ans après les précédentes législatives, qui s’étaient déroulées les 25 novembre et 15 décembre 2013.

« Enlèvements et séquestrations »

L’annonce intervient alors que l’adversaire à la présidentielle de M. Keïta, Soumaïla Cissé, conteste toujours les résultats, entachés selon lui de fraudes massives, et appelle les Maliens à rester « mobilisés ». Selon les résultats définitifs proclamés par la Cour constitutionnelle, qui a rejeté les recours de l’opposition, M. Keïta, 73 ans, a obtenu 67,16 % des suffrages au second tour, le 12 août, contre 32,84 % pour l’ancien ministre des finances, âgé de 68 ans.

Dans un courrier adressé mardi aux représentants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union africaine et de l’ONU et dont l’AFP a obtenu copie, le bras droit de M. Cissé, Tiébilé Dramé, a dénoncé plusieurs « arrestations extrajudiciaires » dont sont « victimes depuis plusieurs semaines les partisans de l’alternance et du changement ».

M. Dramé cite notamment le cas de Paul Boro, un ancien cadre de la majorité passé à l’opposition, qui a été emmené de son domicile de Bamako dimanche soir par « plusieurs dizaines d’hommes armés ». Selon une source sécuritaire, il est reproché à M. Boro, qui n’avait pas été remis en liberté mardi soir, d’avoir fourni des armes à « des jeunes » avant une manifestation de l’opposition.

Le responsable de l’opposition évoque aussi le cas d’un « jeune leader » de sa coalition « enlevé par une dizaine de porteurs d’uniformes à bord de deux véhicules 4x4 » ne portant pas de numéros d’immatriculation. « Nous sommes en présence d’enlèvements et de séquestrations de leaders politiques par une police parallèle au service du régime », accuse M. Dramé, « prenant à témoin » les représentant de la communauté internationale. Sollicité par l’AFP, un porte-parole du gouvernement n’était pas joignable dans l’immédiat pour commenter ces informations.