Juan Angel Napout, ancien président de la confédération de football d’Amérique du Sud, au tribunal de Brooklyn, le 13 décembre 2017. / Seth Wenig / AP

Juan Angel Napout, ancien président de la confédération de football d’Amérique du Sud, la Conmebol, a été condamné mercredi 29 août à une peine de neuf ans de prison, la plus lourde sentence rendue par la justice américaine contre un baron du football sud-américain dans l’affaire dite « FIFAgate ».

Comme l’ex-patron de la fédération brésilienne José Maria Marin, condamné mercredi dernier à quatre ans de prison, le Paraguayen Juan Angel Napout, 60 ans, avait été reconnu coupable de corruption et prise de pots-de-vin à la fin de décembre, au terme d’un procès à New York.

Six semaines d’audience avaient exposé les millions de dollars de pots-de-vin versés par des sociétés de marketing sportif aux responsables du football d’Amérique latine, en échange des droits de retransmission télévisée et de promotion de tournois du continent, dont la Copa America et la Copa Libertadores.

« Il avait une personnalité cachée, une vie cachée », réussissant à perpétuer « l’idée qu’il était un gentil, tout en touchant des pots-de-vin », a déclaré mercredi la juge fédérale Pamela Chen, chargée du dossier FIFA, lors d’une audience de près de cinq heures.

1 million de dollars d’amende

Outre les neuf ans de prison, M. Napout a été condamné à une amende de 1 million de dollars et à restituer les 3,3 millions de dollars de pots-de-vin perçus. Le procureur avait réclamé une peine minimale de vingt ans ans de prison.

Il avait qualifié Juan Angel Napout de « l’un des plus coupables » parmi les quarante-deux responsables du football accusés de corruption par la justice américaine, et fait valoir que le Paraguayen méritait, à 60 ans, moins de clémence que José Maria Marin, 86 ans. « Il est personnellement responsable d’avoir perpétué et élargi la corruption dans le football à un moment où le système avait le plus besoin de réforme », avait déclaré le procureur dans un mémorandum au juge avant la sentence.

La défense avait demandé « la clémence » pour ce père de trois enfants, plusieurs fois grand-père, arguant de sa « vie exemplaire, à l’exception de cette condamnation ». Ses avocats avaient avancé que la corruption endémique au sein des fédérations sud-américaines et la volonté de compromis de M. Napout avaient « dicté ses actes ».

Juan Angel Napout, qui était également président de la fédération paraguayenne, a été accusé d’avoir reçu plus 3,3 millions de dollars de pots-de-vin et d’avoir accepté d’en recevoir 20 millions de dollars supplémentaires. Il a touché cet argent au gré de versements quasi mensuels entre octobre 2010 et mars 2015.

Détenu à Brooklyn

Il a aussi voulu détruire les preuves de son implication dans cette corruption en tentant de dissimuler son ordinateur, après l’arrestation de sept responsables de la FIFA en mai 2015 à Zurich, qui avait révélé l’enquête américaine.

Arrêté en Suisse le 3 décembre 2015, puis extradé aux Etats-Unis et assigné à résidence en Floride, Juan Angel Napout n’avait pas témoigné au procès. Ses avocats avaient déclaré qu’il n’y avait aucune preuve tangible qu’il ait touché illégalement de l’argent. Il était détenu à la prison fédérale de Brooklyn depuis le verdict de culpabilité rendu contre lui le 22 décembre.

Les quarante-deux personnes inculpées par la justice américaine sont surtout des Sud-Américains, même s’il y a aussi quelques Américains, comme Chuck Blazer, témoin clé du FBI, mort en juillet 2017. D’autres encore ont réussi à éviter leur extradition aux Etats-Unis, comme l’ancien vice-président de la FIFA Jack Warner, de Trinité-et-Tobago, ou Marco Polo del Nero, toujours en liberté au Brésil, et qui a été exclu à vie de toute activité dans le football.