Richard Ferrand, président du groupe La Republique en marche, dans son bureau à l’Assemblée nationale, le 31 juillet. / JULIEN MUGUET POUR LE MONDE

« En vue de préserver la sérénité du débat judiciaire », l’enquête sur l’opération immobilière contre Richard Ferrand a été délocalisée à Lille, annonce France Inter, jeudi 30 août. Selon la radio publique, la Cour de cassation « a validé le 25 juillet la requête que la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, avait formulée ».

L’affaire, qui avait écourté le passage de Richard Ferrand au gouvernement, porte sur le bien immobilier acquis à Brest par sa compagne, l’avocate Sandrine Doucen, puis loué aux Mutuelles de Bretagne, dont M. Ferrand était alors le directeur général (1998-2012).

Jérôme Karsenti, l’avocat d’Anticor, dénonce au Monde « des manœuvres dilatoires ».

« Depuis le début, M. Ferrand multiplie les embûches à l’ouverture d’une information judiciaire. On a perdu presque un an dans ce dossier depuis la plainte avec constitution de partie civile. »

« Il y a quand même un paradoxe, souligne-t-il. De multiples magistrats sont régulièrement jugés et mis en cause devant la juridiction à laquelle ils appartiennent, sans que cela ne fasse sourciller personne. » Et de conclure : « On arrive à une situation ubuesque : Anticor est privé du pôle financier, qui a une compétence nationale, sur un prétexte totalement ahurissant. »

Information judiciaire ouverte en janvier

En octobre 2017, le procureur de Brest avait annoncé le classement sans suite de l’enquête, notamment pour prescription. L’association Anticor avait alors déposé une nouvelle plainte en novembre, avec constitution de partie civile. Ce qui a conduit à l’ouverture d’une information judiciaire, le 12 janvier, pour « prise illégale d’intérêts » au pôle financier de Paris par le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke.

Mais les avocats de M. Ferrand ont fait en mars une demande de dépaysement de l’instruction. « Le fait qu’Anticor était représentée au moment de son audition de partie civile le 28 février, auprès du juge Van Ruymbeke, par le vice-président d’Anticor, Eric Alt, qui se trouve aussi être premier vice-président adjoint au TGI de Paris a surpris et choqué », avaient-ils expliqué.

« Il n’est pas juge dans l’affaire, il défend les intérêts d’Anticor », avait ensuite rétorqué le président d’Anticor, Jean-Christophe Picard. A la suite de cette demande, le juge Van Ruymbeke avait reporté sine die l’audition de M. Ferrand qui avait été prévue le 26 mars.