L’arbitre Nestor Pitana lors de la finale de la Coupe du monde entre la France et la Croatie, le 15 juillet. / MICHAEL DALDER / REUTERS

Lancée en grande pompe par la Fédération internationale de football (FIFA) lors de la Coupe du monde en Russie, l’assistance à l’arbitrage vidéo (VAR) ne sera pas utilisée, cette saison, par l’Union des associations européennes de football (UEFA) en Coupe d’Europe. Ainsi en a décidé le président de la confédération du Vieux Continent, le Slovène Aleksander Ceferin.

Selon les informations de L’Equipe, confirmées par Le Monde, le dirigeant n’entend pas introduire dans l’immédiat le dispositif en Ligue des champions et en Ligue Europa. Et ce alors que la plupart des grands championnats européens (Ligue 1, Serie A, Liga, Bundesliga) l’ont déjà adopté.

A Nyon (Suisse), au siège de l’UEFA, on justifie cette décision par des paramètres « techniques et logistiques », la nécessité de former l’ensemble des arbitres concernés ainsi que par un souci de mettre en place la VAR de manière standardisée. L’instance n’est ainsi pas en mesure d’introduire le dispositif avant la saison prochaine. Du moins jusqu’à ce que son comité exécutif – son gouvernement – donne son aval.

« De façon réaliste, on pourrait l’avoir en Ligue des champions et à l’Euro lors de la saison 2019-2020, assurait, en avril, M. Ceferin à la Gazzetta dello Sport. Pour le moment, tout n’est pas clair pour les supporteurs et les arbitres. On ne peut pas se le permettre. Et j’ai vu quelques situations comiques en Allemagne, en Coupe d’Angleterre et en Italie. Pour le top du top de notre sport, il faut le top du top (…). On doit résoudre les problèmes, pas essayer de plaire à quelqu’un. »

La FIFA à la pointe sur l’arbitrage vidéo

De manière générale, l’UEFA a toujours été à la remorque de la Fédération internationale sur les questions liées à l’arbitage vidéo. Au cours des dernières années du règne de Sepp Blatter (1998-2015) à la FIFA, le fossé s’était creusé sur ces sujets entre l’instance faîtière du ballon rond et la confédération européenne, alors dirigée par le Français Michel Platini (2007-2015). Au Mondial 2014, au Brésil, la FIFA avait lancé la goal-line technology (GLT), ce dispositif permettant de vérifier si le ballon a franchi la ligne de but. L’UEFA aura, elle, attendu 2016 pour adopter la GLT en Ligue des champions et à l’Euro, organisé cette année-là en France.

Ancien bras droit de Michel Platini à l’UEFA, Gianni Infantino est devenu un fervent partisan de la VAR sitôt élu à la présidence de la FIFA, en février 2016. L’Italo-Suisse en a fait l’une des réformes phares de son règne. Sa position « avant-gardiste » tranche avec celle d’Aleksander Ceferin, beaucoup plus prudente sur la question. Le 3 mars, l’International Football Association Board, instance chargée de veiller depuis 1886 sur les règles du football, s’est prononcé en faveur de l’introduction de la VAR dans les lois du jeu.

Cette décision a ainsi ouvert la voie à son application lors de la Coupe du monde en Russie. Une innovation qui, si elle a largement profité aux Bleus en finale contre la Croatie, a suscité de vives controverses durant le grand barnum planétaire. Très réservé sur ce dispositif, Aleksander Ceferin n’a toutefois pas fermé la porte à son introduction et demeure plus souple sur ce sujet que son prédécesseur Michel Platini. « C’est du bricolage vidéo. Il n’a pas apporté plus de justice », a déclaré, mercredi 29 août dans L’Equipe, l’ex-no 10 des Bleus, opposant de longue date à la VAR.

Candidat à un deuxième mandat à la tête de l’UEFA lors du scrutin prévu le 7 février 2019, Aleksander Ceferin devrait attendre d’être réélu pour donner son feu vert à l’introduction de l’assistance à l’arbitrage vidéo lors des matchs de Coupe d’Europe.

Coupe du Monde 2018 : la VAR est-elle efficace ?
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