Un portrait de Nasser Zefzafi, leader du mouvement « Hirak », est brandi lors d’une manifestation à Al-Hoceïma, au Maroc, le 30 mai 2017. / FADEL SENNA / AFP

Le leader du mouvement de contestation sociale du « Hirak » au Maroc, Nasser Zefzafi, condamné à vingt ans de prison, a entamé une grève de la faim, jeudi 30 août, pour protester contre ses conditions de détention, a appris l’AFP auprès de son père. « Il est décidé à ne plus manger ni boire jusqu’à ce que ses revendications soient satisfaites. C’est une grève de non-retour », a déclaré Ahmed Zefzafi.

« Il ne demande que les droits dont bénéficient les autres prisonniers : qu’on le sorte de l’isolement en cellule individuelle et le mette dans une cellule digne où il puisse voir et parler » avec les détenus, a ajouté le père de Nasser Zefzafi. Selon lui, son fils ne comprend pas pourquoi un traitement « aussi sévère » lui est réservé. La direction de la prison Oukacha de Casablanca, où il est détenu, n’a fait aucun commentaire sur le sujet.

Procès fleuve

Arrêté en mai 2017 en pleine contestation sociale dans la région du Rif (nord), Nasser Zefzafi avait été condamné fin juin à vingt ans de prison pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat », au terme de neuf mois d’un procès fleuve réunissant un total de 53 prévenus. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a depuis amnistié près de 190 personnes qui avaient été condamnées par différents tribunaux en lien avec le mouvement qui a agité en 2016 et 2017 le nord du Maroc, dont onze des prévenus de Casablanca.

Nasser Zefzafi, un ancien chômeur devenu le visage de la contestation avec ses talents d’orateur, avait été arrêté après avoir interrompu le prêche d’un imam ouvertement hostile au mouvement dans une mosquée d’Al-Hoceïma, l’épicentre du « Hirak » qui a secoué la région du Rif, historiquement frondeuse et marginalisée.

La contestation avait été déclenchée par la mort d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016 alors qu’il s’opposait à la saisie de sa marchandise. Au fil des mois, le mouvement a pris une tournure plus sociale et politique, appelant à davantage de développement et à la fin de la « marginalisation » de la région.