La démarche était inhabituelle. Jeudi dernier, lors du tournoi de tennis de l’US Open, l’arbitre Mohamed Lahyani était descendu de sa chaise en plein match pour s’adresser en tête-à-tête au joueur australien, Nick Kyrgios, lors de son deuxième tour face à son adversaire, Pierre-Hugues Herbert. A l’issue d’une « enquête minutieuse », les organisateurs de l’US Open ont tranché, vendredi 31 août : l’arbitre a « outrepassé le protocole », mais « va continuer à officier pendant l’US Open 2018 ».

« Il a été demandé à Lahyani de respecter les protocoles établis dans tous les matches dans lesquels il va officier à l’avenir », écrivent-ils dans un communiqué, en précisant que « sa performance va continuer à être évaluée, comme celles de tous les arbitres de chaise tout au long de l’US Open ».

Vendredi, Lahyani arbitrera un match du deuxième tour du double messieurs, opposant les Allemands Philipp Petzschner et Tim Puetz aux Néerlandais Robin Haase et Matwe Middelkoop, sur le court N.13.

« Ils nous prennent tous pour des imbéciles »

Sur le court N.17, jeudi, Kyrgios (30ejoueur mondial) était mené d’un set et d’un break (6-4, 3-0) par le Français Herbert (75e) quand l’arbitre a profité d’un changement de côté pour descendre de sa chaise et se poster devant l’Australien de 23 ans. « Je veux t’aider. (...) Tu es quelqu’un de formidable pour ce sport. Ce n’est pas toi, je le sais », l’entend-on lui dire.

Quelques jeux plus tard, Kyrgios débreakait et finissait par remporter le second set au jeu décisif (8 points à 6). Puis il empochait les deux manches suivantes pour s’imposer en quatre sets (4-6, 7-6 (8/6), 6-3, 6-0).

Si Kyrgios a affirmé que l’attitude de Lahyani n’avait « pas eu d’effet du tout », Herbert l’a lui déplorée. « Ce n’était pas son rôle, ce n’est pas un entraîneur, c’est un arbitre et il n’a pas à descendre de sa chaise », a considéré le joueur français. « Tout ce que je peux dire, c’est qu’à partir de ce moment-là, il est devenu un autre joueur », a-t-il souligné.

Les organisateurs du tournoi, eux, avaient justifié jeudi l’attitude de l’arbitre par son « inquiétude » que l’Australien ait besoin « d’aide médicale » et par le « bruit » régnant sur le court. Des explications qui n’avaient pas convaincu Herbert : ils « nous prennent tous pour des imbéciles en nous faisant croire que l’arbitre n’a absolument pas outrepassé ses fonctions », avait-il écrit dans la soirée sur Twitter.