Le président américain Donald Trump avec son homologue canadien Justin Trudeau, le 8 juin 2018 à La Malbaie (Canada). / SAUL LOEB / AFP

Donald Trump a encore haussé le ton d’un cran samedi 1er septembre contre le Canada, qu’il menace d’expulser du nouveau Accord de libre-échange nord-américain (Alena) s’il ne cède pas à ses revendications.

« Il n’y a pas de nécessité politique de garder le Canada dans un nouvel accord Alena. Si nous ne concluons pas un bon accord après des décennies d’abus, le Canada sera en dehors », a affirmé le président dans une série de tweets, au moment même où l’ensemble de la classe politique américaine rendait hommage au sénateur John McCain lors d’une cérémonie à laquelle il n’avait pas été convié.

Le contexte

L’Aléna est un accord de libre-échange liant les Etats-Unis, le Mexique et le Canada depuis 1994, que Donald Trump juge injuste pour son pays et promet depuis longtemps de rénégocier.

Fidèle à son penchant pour les discussions bilatérales, il a commencé par négocier avec le Mexique, avec lequel il a obtenu lundi 27 août un accord. Dans la foulée, l’administration américaine a repris les discussions avec le Canada, troisième partenaire du pacte. Les pourparlers commerciaux semblaient sur le point de déboucher sur un accord quand Donald Trump a jeté un pavé dans la mare en affichant une ligne intransigeante envers Ottawa, entraînant vendredi la suspension des négociations.

Les nouvelles éructations numériques de Donald Trump ne devrait pas faciliter le dialogue entre Ottawa et Washington, censé reprendre mercredi prochain. D’autant que le temps presse, puisque Trump s’est engagé vendredi auprès du Congrès à signer le nouvel Alena sous trois mois, et à le rendre public d’ici un mois.

La menace du « no deal »

Selon le quotidien canadien Toronto Star, le président républicain a confié cette semaine à ses interlocuteurs que l’administration entendait ne faire aucun compromis avec le Canada et qu’un accord potentiel se ferait « uniquement à [ses] conditions ». Ce qui n’est pas du goût de la cheffe de la diplomatie canadienne, Chrystia Freeland : « Nous cherchons un bon accord, pas n’importe quel accord ».

Pour faire monter la pression, le président américain ne cesse de suggérer que Washington est prête à se passer d’un accord. Il a par exemple affirmé que le Canada n’était qu’un « petit segment » des échanges commerciaux américains comparée au Mexique, alors même que les chiffres disent le contraire. Le Canada est le troisième partenaire commercial des Etats-Unis, derrière l’Union européenne et la Chine.

Dans ses tweets matinaux, Donald Trump a également mis en garde le Congrès américain contre toute « interférence » dans la négociation, sans quoi il mettrait « tout simplement fin à l’Alena et nous nous porterons bien mieux ». Le président américain semble donc prêt à brandir la menace du « no deal » pour convaincre les députés et les sénateurs d’approuver sa réécriture de l’Alena, avec ou sans le Canada.