Pour les filières sélectives de l’enseignement supérieur – classes préparatoires aux grandes écoles, BTS ou encore DUT –, la rentrée aura lieu dans les temps. Depuis des semaines, l’inquiétude montait chez les responsables. En cause : leurs classes étaient… toujours incomplètes.

Avant l’ancien système d’affectation APB, les listes de leurs élèves étaient bouclées en grande partie fin juillet. Mais avec l’instauration de Parcoursup, qui s’étale jusqu’au 5 septembre, de nombreux candidats ont pu valider une formation, tout en conservant d’autres vœux sur lesquels ils sont en liste d’attente, dans l’espoir d’y décrocher une place. Au 20 août, ils étaient encore près de 100 000 à avoir fait ce choix.

A cette date, selon les filières et les établissements, 10 %, 20 % ou même 30 % des admis n’avaient toujours pas validé définitivement leur admission, selon les représentants de BTS, DUT et classes prépas contactés par Le Monde. Même dans des lycées particulièrement attractifs, comme le très sélectif Louis-le-Grand, à Paris, ils étaient encore 15 % d’indécis en physique-chimie-sciences de l’ingénieur.

La situation s’est décantée dans les tout derniers jours du mois d’août. C’est le constat des classes prépas, au regard des nombreux candidats qui se sont pressés dans les lycées pour s’y inscrire. « Depuis le début de la semaine, nous sommes dans le tourbillon des inscriptions », constate, soulagé, Jean Bastianelli, président de l’association des proviseurs de lycées ayant des classes préparatoires aux grandes écoles, et à la tête du lycée Louis-le-Grand – où toutes ses prépas sont désormais remplies de « oui » fermes. « Cela cache des disparités, mais globalement, nous faisons le plein », reconnaît le responsable. Un constat partagé du côté des BTS : « Le sursaut a eu lieu, en termes d’inscriptions », note Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale (SNPDEN).

Mais pour en arriver là, il aura fallu compter sur la modification de la date limite des inscriptions dans les formations sélectives, avancée au 27 août. Mi-août, le ministère a en effet demandé aux formations dont la rentrée était prévue début septembre de fixer cette date limite, bien que la procédure de Parcoursup ne s’achève que le 5 septembre. « Depuis la semaine passée, plus de 15 000 candidats ont validé de manière définitive leur proposition [sur Parcoursup] », constate-t-on du côté du ministère de l’enseignement supérieur.

« Qui va vraiment venir, c’est le mystère »

Pour autant, la situation n’est pas rose partout. D’autres responsables rapportent encore des chiffres peu rassurants. Ainsi, dans les classes prépa scientifiques, 15 % des admis n’avaient toujours pas validé définitivement leur vœu, mercredi 29 août. « Nous avons des retours inhabituels d’effectifs en baisse dans certains lycées », confie également Mickaël Prost, à la tête de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques. En IUT, on relève toujours entre 10 et 20 % d’indécis, selon l’association des directeurs d’IUT (Adiut).

De plus, même si les classes ont fait le plein, encore faut-il que les étudiants soient bien présents le jour J. Un constat fait l’unanimité : la rentrée reste encore un grand point d’interrogation. « Qui va vraiment venir, c’est le mystère », reconnaît Philippe Vincent, du SNPDEN. S’il existe toujours une incertitude autour du nombre de candidats inscrits qui s’évaporent durant l’été, personne n’ose s’avancer sur le comportement à venir des futurs étudiants, pour cette année zéro de Parcoursup. D’autant que les chiffres sont difficiles à interpréter : des candidats ont pu s’inscrire dans un établissement, tout en gardant des vœux en attente sur Parcoursup…

« Peut-être qu’on aura une belle surprise, espère Eric de Saint Léger, vice-président de l’Adiut. Mais pour l’instant, le risque demeure de se retrouver avec des places vides lundi, alors que nous sommes jusqu’ici la filière sélective qui remplissait le plus, à 97 %. » Dans ces cursus universitaires attractifs, le responsable s’inquiète davantage des arrivées tardives que de ne pas pouvoir remplir ses classes avec la procédure complémentaire. « Cela peut paraître secondaire, mais les premières semaines de cours sont très importantes pour la réussite de l’étudiant », estime-t-il.

Tous ont bien l’intention de participer activement au bilan de Parcoursup, que la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a promis pour la fin du mois de septembre. Avec une critique unanime : le système est trop lent à affecter les candidats. « Qui peut se satisfaire d’une procédure où certains bacheliers ont, à coup sûr, dû accepter un vœu juste pour sortir d’une attente interminable ou parce qu’ils avaient besoin de s’organiser pour la rentrée ? », interroge le professeur de prépa scientifique Mickaël Prost.