Le groupe d’extrême droite « Pro Chemnitz » à l’entrée du stade de la ville, le 30 août. / ODD ANDERSEN / AFP

Deux manifestations d’extrême droite hostiles à la politique migratoire d’Angela Merkel sont attendues dans les rues de Chemnitz, en Saxe, samedi 1er septembre, après les rassemblements agités de lundi et de jeudi, qui avaient réuni plusieurs milliers de sympathisants xénophobes dans la même ville.

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) et le groupe Pegida coorganisent une marche silencieuse, tandis que le collectif Pro Chemnitz organise un second rassemblement. Un troisième, contre l’extrême droite, devrait se tenir sous la bannière « le cœur plutôt que la provocation ».

C’est la troisième fois en une semaine que l’extrême droite défile dans les rues de cette ville de 245 000 habitants située à 80 km à l’ouest de Dresde, dans l’est de l’Allemagne, où le mouvement Pegida avait manifesté massivement en 2015 contre l’accueil de réfugiés. Lundi, un premier rassemblement avait réuni près de 2 000 personnes et provoqué des échauffourées entre sympathisants d’extrême droite, de gauche radicale et forces de l’ordre ayant fait vingt blessés. Dimanche, plusieurs centaines de ces sympathisants d’extrême droite ont lancé dans les rues de la ville une « chasse collective » aux étrangers réfugiés. Une action qui a été vivement condamnée par la classe politique et par la chancelière, Angela Merkel, dénonçant des événements qui « n’ont pas leur place dans notre Etat de droit », et qui faisait suite au meurtre d’un Allemand d’origine cubaine de 35 ans, pour lequel deux jeunes suspects — un Irakien et un Syrien — ont été arrêtés par la police.

Un important dispositif de sécurité a été prévu pour éviter les débordements. A tel point qu’un match de deuxième division allemande prévu samedi à Dresde a été reporté par manque d’effectifs policiers, qui seront occupés à sécuriser les manifestations à Chemnitz. La rencontre entre le Dynamo Dresde et Hambourg, qui devait se jouer à guichets fermés, soit 30 000 places, devra être jouée à une date ultérieure, qui n’a pas encore été décidée. « Il s’agit d’un ordre du ministère de l’intérieur selon lequel, en raison des manifestations à Chemnitz samedi, les forces de police prévues pour le match à Dresde ne peuvent pas être disponibles sur place », a expliqué la ligue de football allemande vendredi.

L’extrême droite fait depuis des mois campagne sur le thème des crimes commis par des étrangers en Allemagne, accusant la chancelière Angela Merkel d’en être responsable pour avoir ouvert les portes de son pays à plus de un million de demandeurs d’asile en 2015 et en 2016, provenant principalement de Syrie et d’Irak. Elle accuse le gouvernement de relativiser ce phénomène et se saisit de tous les faits divers impliquant des demandeurs d’asile pour marteler son message.

Thomas Wieder, correspondant du Monde en Allemagne, est à Chemnitz pour suivre les trois manifestations du jour :