Bruno Le Maire et Gérald Darmanin à l’Elysée le 22 août. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Les impôts seront-ils prélevés directement sur les feuilles de paie en janvier prochain ? Difficile à dire. Les déclarations et signaux contradictoires se multiplient depuis une semaine sur cette grande réforme fiscale.

Les doutes d’Edouard Philippe et d’Emmanuel Macron

Dans son entretien de rentrée au JDD le 26 août, le premier ministre a exprimé ses doutes : « Je suis attentif, nous avons décidé de reporter en 2017 d’un an cette réforme parce que nous voulions être sûrs qu’elle serait mise en œuvre dans de bonnes conditions. Nous ferons le point sur la préparation de cette réforme dans les prochaines semaines. »

Jeudi 30 août, le président Emmanuel Macron a rajouté de l’incertitude, en demandant « aux ministres compétents de répondre à toutes les questions qui se posent encore, avant de donner une directive finale ». De source proche de la présidence, une réunion sur le sujet a été programmée à l’Elysée le mardi 4 septembre.

Les revirements de Gérald Darmanin

Le même jour, le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, principal artisan de la réforme, s’est montré très confiant lors d’une visite à la trésorerie de Pau : « Aujourd’hui, je suis certain que les choses fonctionneront très bien et j’aurais l’occasion de le dire au président de la République et au premier ministre. »

Pourtant, deux jours plus tard, le ministre ouvrait la porte à un abandon, en déclarant sur France Inter que les options étaient ouvertes : « Nous choisirons ensemble politiquement l’avancée ou l’arrêt puisque le président de la République l’a évoqué. » Il reconnaît le risque d’un mauvais effet dans l’opinion d’une retenue sur salaire : « Est-ce que techniquement on est prêt ? Oui on est prêt. Est-ce que psychologiquement les Français sont prêts ? C’est une question à laquelle collectivement nous devons répondre. »

L’inconnue des erreurs techniques

Avant d’être généralisé, le prélèvement à la source a fait l’objet de tests, dont le bilan a été jugé « calamiteux » par Le Parisien, qui s’appuie sur une note confidentielle de la direction générale des finances publiques (DGFIP) : un nombre important d’erreurs, entraînant des doubles prélèvements, ou des confusions entre homonymes a été signalé en février, puis à nouveau en juillet et août, selon le quotidien.

La DFGIP a minimisé les bugs, qui représentent une part infime des dossiers. Le ministère des comptes publics a assuré que les bugs ont été corrigés depuis et que « le système est prêt ».

Le Maire, un soutien « sous réserve de garanties »

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a tenu à assurer que la décision serait prise sur des considérations techniques, et non politiques. Interrogé dimanche sur BFM-TV, il a déclaré : « Je souhaite que nous tenions le calendrier sous réserve que nous ayons les garanties techniques. »

Une manière de répondre aux critiques de l’ancien secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, interrogé par Libération, qui « ne [croit] pas une seconde » à la thèse d’un dysfonctionnement technique et assure qu’il s’agirait d’une reculade purement politique : « Toute cette histoire n’est donc qu’une affaire politique. La majorité craint de payer dans les urnes aux prochaines européennes des fiches de paie et des bulletins de pensions avec des montants en baisse. »