Partenaires à l’Atlético Madrid, Thomas Lemar, Antoine Griezmann and Lucas Hernandez ont retrouvé, lundi 3 septembre, le château de Clairefontaine, le quartier général des Bleus. / FRANCK FIFE / AFP

Ils n’avaient pas remis les pieds au château de Montjoye, à Clairefontaine (Yvelines), depuis le 8 juin et leur départ pour Lyon, pour un match amical (1-1) contre les Etats-Unis, puis pour la Russie et le mondial de football. Soit depuis une éternité. Lundi 3 septembre, à midi, les Bleus ont retrouvé leur quartier général et ses allées verdoyantes, où règne une douce allégresse.

Dans une ambiance de kermesse, les champions du monde et leur sélectionneur, Didier Deschamps, ont fait leur rentrée à quelques jours de la rencontre contre l’Allemagne, jeudi 6 septembre, à Munich, et du match face aux Pays-Bas, dimanche 9 septembre, pour l’ouverture de la Ligue des nations.

Des vingt-trois joueurs sacrés à Moscou, il n’en reste plus que vingt-et-un à Clairefontaine : s’il est venu faire constater un « petit souci musculaire » par le staff médical, le gardien et capitaine Hugo Lloris est d’ores et déjà forfait pour le choc face à la Nationalmannschaft, tout comme sa « doublure », Steve Mandanda, blessé à la cuisse. Des défaillances dont va profiter le « troisième » portier dans la hiérarchie, le Parisien Alphonse Areola (25 ans), annoncé comme titulaire ce jeudi à la Fussball Arena de Munich.

Certains sont arrivés seuls au château, comme le jeune (19 ans) prodige parisien Kylian Mbappé, expulsé samedi 1er septembre à Nîmes pour avoir voulu se faire justice lui-même après une faute commise par un joueur gardois. D’autres sont venus à plusieurs, tels Thomas Lemar, Antoine Griezmann et Lucas Hernandez, coéquipiers à l’Atletico Madrid, manifestement ravis de fouler de nouveau le perron de la bâtisse, sur laquelle une grande bâche (« Bienvenue à nos champions ») avait été dressée par la Fédération française de football (FFF).

Mbappé appelé à « un peu plus de maîtrise »

Sitôt le déjeuner avalé, Didier Deschamps a, lui, retrouvé les journalistes dans le grand amphithéâtre du Centre national du football (CNF) pour sa conférence de presse de reprise. Jeudi 30 août, en reconduisant les 23 champions du monde dans sa liste, le Bayonnais avait déjà balayé beaucoup de sujets, « du nouveau statut » de ses protégés, au risque de « décompression » post-Russie. Détendu face aux caméras, sans filtre, il avait eu l’air de savourer ce retour aux affaires courantes.

Cette fois, le patron des Tricolores a davantage été sur la défensive. Redoutable communicant, il a parfois renoué avec la langue de bois, défendant au passage Kylian Mbappé. Lequel a d’abord assumé son geste à Nîmes avant de faire son mea culpa sur Twitter.

« C’est un contexte particulier. Kylian, de par son jeu, met en souffrance ses adversaires. Il a un jeu basé sur la vitesse, l’explosivité. Il craint les coups, blessures. Cela passe par un peu plus de maîtrise, a développé le technicien. Ce n’est pas une excuse. C’est encore un jeune joueur. Il y a des situations où il faut avoir plus de maîtrise de soi. Il n’aurait pas dû réagir comme ça. »

Entre deux boutades, Didier Deschamps s’est également mué en paratonnerre quand les journalistes l’ont sondé sur les infortunes du défenseur marseillais Adil Rami, coupable sur les deux buts monégasques, la veille, lors de la victoire miraculeuse (3-2) de l’OM contre le club de la principauté, en clôture de la 4e journée de Ligue 1.

« Adil a assumé directement après son match. Il doit et peut faire mieux, a déclaré, l’air désolé, le sélectionneur à propos du vétéran (32 ans) des Bleus, rappelé pour ce rassemblement malgré l’annonce, après le Mondial, de sa retraite internationale. Il sait qu’il doit repartir de l’avant. »

« Vous devez vous attendre à tout »

Le patron des Tricolores était venu devant les médias pour faire passer un message : ses protégés devront rapidement redescendre de leur nuage. « Leur vie a changé. Le titre de champion du monde, il faut le gérer, ce n’est pas un poids, un fardeau, a-t-il martelé. C’est un booster formidable. Mais ils peuvent avoir, à tour de rôle, un coup de moins bien. »

L’ex-capitaine des champions du monde 1998 a surtout tenté de tracer un nouvel horizon, rappelant que la Ligue des nations, cette nouvelle compétition aux allures d’usine à gaz créée par l’Union des associations européennes de football (UEFA), constituait l’objectif numéro un de ses protégés, « avec les qualifications à l’Euro 2020. »

« Ils ont fait ce qu’ils ont fait en Russie : quelque chose de sublime. On ne va pas s’endormir là-dessus. Cela ne peut pas être aussi palpitant qu’une finale de Coupe du monde contre la Croatie. Mais il y a une nouvelle aventure, la vie continue », a-t-il insisté.

S’il a tenu à rendre hommage au groupe qui a décroché le Mondial, Didier Deschamps assure que les cartes pourraient être rebattues dès le prochain stage d’octobre. « Cela ne sera pas pareil, on pourra alors avoir une photographie individuelle plus précise. Vous devez vous attendre à tout », a confié le sélectionneur, enclin à ne pas laisser ses « Mondialistes » s’endormir sur leurs lauriers.

En fin d’après-midi, les Bleus ont effectué leur premier entraînement à Clairefontaine, sous les flashs crépitants. Ils n’auront que trois séances communes dans les jambes avant de défier l’Allemagne, sur le toit du monde en 2014 et éliminée au premier tour en Russie.

« On ne commence pas par la facilité. Cela s’est mal passé pour l’Allemagne en Russie mais sa valeur n’a pas chuté. Il faudra donc répondre présent », a rappelé Didier Deschamps, soucieux de prolonger l’état de grâce à Munich.