Un kiosque d’abonnement et de recharge Orange à Yaoundé, en octobre 2011. / Akintunde Akinleye / REUTERS

Depuis quelques jours, de nombreux Camerounais sont en colère contre l’opérateur de téléphonie mobile Orange. Ils demandent à la société de supprimer son service de « réserve Internet ». Selon eux, la filiale camerounaise du groupe français Orange transfère leur crédit – réservé aux appels et SMS – vers cette réserve sans leur consentement. Sur Twitter et Facebook, ils utilisent le hashtag #OrangeIsTheNewMafia (Orange est la nouvelle mafia) pour exprimer leur mécontentement et réclamer la suppression de ce service.

Tout commence au début du mois d’août. Florian Ngimbis, l’un des blogueurs les plus suivis du Cameroun, connu pour ses critiques envers le régime, recharge son compte et essaie de passer des appels sans succès. Le lendemain, il recharge à nouveau son compte et le même problème se reproduit. Il se rend alors compte que son crédit a été mis sur sa « réserve Internet ». « Je n’avais rien demandé », s’étonne-t-il encore.

« Silence méprisant » d’Orange

Fatigué de l’assistance en ligne de l’opérateur, M. Ngimbis appelle un ami, cadre au sein de l’entreprise, qui lui explique comment récupérer son crédit mis en réserve. Il se plaint sur Twitter. Les réactions lui prouvent qu’il n’est pas le seul dans ce cas. « J’ai demandé aux internautes de proposer des hashtags et de voter pour celui pour lequel ils voulaient qu’on lance une campagne. Il y en avait quatre dont #OrangeIsTheNewMafia qui était ma proposition. On a eu 492 votes en 24 heures », raconte-t-il.

Depuis, posts Facebook et tweets s’enchaînent. « Plus qu’un mécontentement, c’est un ras-le-bol. Il faut que cette pratique s’arrête ! », s’écrie Christian sur Twitter. « Le client est roi et décide seul des usages de ses achats. (…) Soit vous arrêtez, soit on va crier plus fort ! », se plaint Martin-Olivier sur Facebook.

Face au « silence méprisant » d’Orange qui « n’a fourni aucune explication à ces internautes », Florian Ngimbis a lancé une pétition. Plus de 1 500 personnes l’ont signée en ligne. Sur le terrain, des groupes ont été constitués dans plusieurs villes du pays. Les responsables font du porte-à-porte pour récolter des signatures.

Lancement d’une pétition

A Mbalmayo, ville du centre du Cameroun, Fotso Fokam, enseignant, blogueur et plusieurs fois victime de « l’arnaque » d’Orange, approche voisins et collègues pour leur exposer la situation et expliquer l’objet de la pétition. « Je pense que ceux qui sont victimes de ces réserves douteuses n’auront pas de problème à la signer. Ensuite, ces personnes pourront m’en présenter d’autres qui auraient le même problème et ainsi de suite », explique-t-il.

Une fois que les 5 000 signatures nécessaires auront été récoltées, une plainte devrait être déposée à l’Agence de régulation des télécommunications (ART, régulateur du secteur au Cameroun). « Si rien n’est fait et qu’Orange ne supprime pas ce service et continue de nous mépriser, on passera au boycott », avertit l’initiateur de la contestation.

Contacté par Le Monde Afrique, l’opérateur n’a pas souhaité répondre à nos questions. « Nous avons contacté Florian Ngimbis à deux reprises [ce que dément l’intéressé] et il n’a pas voulu coopérer. Il avait sans doute un agenda caché », assure cependant une source au sein de l’entreprise. Et les plaintes des internautes ? « Sur la Toile, chacun peut décider de dire ce qu’il vit comme expérience alors qu’il n’en a pas la preuve », répond-elle. Certains utilisateurs ont pourtant fait des captures d’écran… « Chaque fois que l’un de nos clients a fait la démarche de nous saisir d’un inconfort, nos services se mettent en branle », rétorque-t-on chez l’opérateur.