Ce vendredi 31 août, ce ne sont pas les préparatifs habituels de la rentrée qui occupent la trentaine de personnes réunies au rectorat de Lyon. Dispersés dans une grande salle, les groupes de travail qui mêlent universitaires, inspecteurs, psychologues de l’éducation nationale… ont une mission complexe. Ils doivent trouver une place aux candidats encore sans affectation qui ont saisi la commission académique d’accès à l’enseignement supérieur, structure créée par la loi orientation et réussite des étudiants adoptée en mars. Ils étaient 50 000 bacheliers et étudiants en réorientation à n’avoir pas reçu de proposition sur Parcoursup, mardi 4 septembre, dont 9 000 qui ont demandé un accompagnement pour trouver une place.

« Si la réponse est négative, je ne veux aucune autre formation. » Les quelques mots laissés par cette bachelière professionnelle sur Parcoursup, refusée en BTS métiers des services à l’environnement, sont pour le moins expéditifs. Mais il en faut plus pour décourager les deux inspecteurs de l’éducation nationale et le responsable du service d’orientation de l’université Lyon-III, installés autour d’un ordinateur, qui feuillettent d’épais tas de feuilles aux allures de listes électorales, répertoriant les formations où il reste des places disponibles. « Trop éloigné de son projet », « trop loin de chez elle, regarde plutôt à Saint-Etienne », « du privé, non, elle veut du public »… La perle rare apparaît : ce sera un BTS dans une thématique proche, dans les métiers de l’eau, où il reste 17 places.

« On va mettre ce dossier de côté »

Les cas à traiter sont de plus en plus difficiles, en cette fin de procédure. Pour cette 12réunion de la commission, 90 % des 184 dossiers étudiés ce jour-là ne sont pas nouveaux, ils ont déjà été examinés, en vain. « Nous avons fait des propositions à chacun », souligne Yves Flammier, chef du service académique d’information et d’orientation. Depuis le 22 mai, 1 239 saisines ont été comptabilisées dans l’académie lyonnaise, tous bacs confondus.

« On va mettre ce dossier de côté », abandonne-t-on, quelques minutes plus tard, face à un jeune recalé des BTS métiers de l’audiovisuel, un secteur où les places sont rares. Un message va lui être envoyé pour voir s’il peut élargir le spectre de ses demandes. D’après l’inspecteur de l’éducation nationale qui suit les bacheliers professionnels, une nouveauté a servi de « bouffée d’oxygène » : quatre classes de BTS « passerelle » ont été créées dans l’académie. Pas question de voir cette année de transition non diplômante comme une voie de garage, comme le raillent déjà certains acteurs du monde éducatif, celle-ci permet « à ceux qui ont des dossiers un peu trop faibles pour entrer en BTS de se préparer à cette poursuite d’études, et aussi à l’insertion professionnelle », explique Yves Flammier.

« Qu’est-ce que tu as en imagerie médicale ? », interroge, à la table d’à côté, l’inspecteur qui s’occupe des bacheliers de la voie sciences et technologies de la santé et du social. Pas grand-chose malheureusement. « Mais cette bachelière n’est pas loin du tout sur la liste d’attente dans les deux BTS qu’elle demande, on va voir le 5 septembre, ça devrait se décanter », espère son collègue.

« C’est un travail essentiel, mais difficile », reconnaît une inspectrice d’académie, qui achève sa première fois en commission, et vient de classer les dossiers de bacheliers technologiques à l’entrée de certains BTS pour éviter le phénomène du « premier arrivé premier servi ». « Ce travail, nous ne le faisions pas avant, abonde la rectrice, Marie-Danièle Campion. Réunir tous les acteurs pour s’occuper des oubliés du système, et leur trouver non pas seulement une place, mais une formation qui corresponde à leurs compétences et à leurs projets. »