Emmanuel Macron et François de Rugy, lors d’une rencontre à l’Elysée, le 20 novembre 2017. / LUDOVIC MARIN / AFP

Les députés d’oppositions n’ont pas attendu la cérémonie de passation de pouvoir entre François de Rugy et Nicolas Hulot, mardi 4 septembre, pour réagir à la nomination du député (LRM) de Loire-Atlantique au ministère de la transition écologique et solidaire.

« Le président de séance qui a planté l’amendement contre le glyphosate à deux heures du matin devient ministre des apparences écologiques », a ironisé sur Twitter le chef de file des « insoumis » Jean-Luc Mélenchon, dès l’annonce de la nomination de M. Rugy.

« On n’attendait pas un changement de casting, mais un nouveau pacte pour l’écologie », souligne de son côté la députée européenne écologiste Karima Delli dans un communiqué, en référence aux nombreux appels à un tournant politique sur les questions environnementales ayant suivi la démission de Nicolas Hulot, mardi 28 août. « C’est un enterrement de première classe pour l’écologie », a dénoncé à droite le président des Patriotes, Florian Philippot.

« Un écologiste légitime »

Dans l’attente des premières décisions du nouveau ministre de la transition écologique et solidaire, plusieurs élus ont souligné les dossiers, nombreux, qui attendent celui qui occupait le poste de président de l’Assemblée nationale depuis le mois de juin 2017.

« Son premier défi, ce sera l’application de la part de loi de transition énergétique sur la réduction de la part nucléaire, ce qu’avait dénoncé bizarrement Nicolas Hulot. François de Rugy a voté, a contribué à cette loi qui prévoit de réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % à l’horizon 2025 », a noté Ségolène Royal sur l’antenne de BFM-TV. Ancienne ministre de l’environnement, Corine Lepage a souligné son profil d’« écologiste légitime ».

« Mission difficile pour François de Rugy, membre éminent de la Macronie », a relevé Yannick Jadot, tête de liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV) pour les élections européennes. « Bon courage à lui pour tenter de réussir où Nicolas Hulot, malgré sa notoriété et popularité, a échoué », a réagi la députée européenne Michèle Rivasi, sur Twitter.

Les ONG dans l’attente

Plus que le profil du nouveau ministre, l’importance d’une prise de conscience écologique est rappelée par les ONG environnementales. « Peu importe le nom du nouveau ministre. Nous jugerons cette nomination sur les actes. La présentation du budget la semaine prochaine permettra de savoir si l’électrochoc de la démission de Nicolas Hulot a ouvert les yeux du gouvernement sur l’urgence de la situation », a expliqué la présidente de la Fondation pour la nature et l’homme, lancée par Nicolas Hulot, Audrey Pulvar.

« La crainte est que sans changement de la part d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe, il y a très peu de chances que François de Rugy fasse mieux que Nicolas Hulot », a déclaré à l’Agence France-Presse le directeur de Greenpeace France, Jean-François Julliard. Un scepticisme partagé par Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER) : « Est-ce qu’il aura le poids suffisant pour réussir là où Nicolas Hulot n’a pas réussi, c’est-à-dire à surmonter les oppositions des différents lobbys ? »