Un policier à Bamenda, au Cameroun, en février 2018. / REINNIER KAZE / AFP

L’armée camerounaise a annoncé, mercredi 5 septembre, avoir tué la veille trois personnes à Bamenda, capitale de la région du Nord-Ouest, où la ministre de l’éducation assistait à la rentrée scolaire que les séparatistes anglophones avaient appelé à boycotter.

Trois personnes ont été « neutralisées » mardi après avoir fait « irruption dans la ville » à bord d’un véhicule contenant trois autres occupants, a indiqué à l’AFP le porte-parole de l’armée camerounaise, le colonel Didier Badjeck.

Selon un témoin interrogé sur place, de nombreux coups de feu ont été entendus mardi tout autour de l’hôtel où résidait la ministre chargée de l’éducation de base, Youssouf Adidja Alim, en visite à Bamenda à l’occasion de la rentrée scolaire.

Les occupants du véhicule « avaient déjà été apparemment repérés et repoussés par les forces de l’ordre avant d’atteindre les lieux où se trouvaient la ministre et ses accompagnateurs », a indiqué une source proche de Mme Adidja Alim.

La rentrée des classes a été perturbée dans la région du Nord-Ouest par des attaques armées contre des établissements scolaires, et leur taux de remplissage à Bamenda était faible, selon un témoin.

Des élèves enlevés

Dans les deux régions anglophones du Cameroun (Nord-Ouest et Sud-Ouest), où fait rage depuis plusieurs mois un conflit armé qui oppose l’armée à des séparatistes, un boycott des écoles a été décrété par des séparatistes. Ceux-ci, qui estiment que le système scolaire francophone marginalise les étudiants anglophones, avaient renouvelé leur appel au boycott avant la rentrée de lundi.

Certains sécessionnistes ont déclaré sur les réseaux sociaux qu’ils ne garantissaient pas « la sécurité des enfants » qui retourneraient étudier. Lundi, sept élèves et un proviseur du lycée de Bafut, près de Bamenda, ont été enlevés par des hommes armés. Mardi, deux élèves et le directeur ont pu recouvrer la liberté, selon les informations obtenues mardi par l’AFP.

La profonde crise politico-sécuritaire au Cameroun anglophone a débuté fin 2016 par des manifestations impulsées par des avocats anglophones et des enseignants pour protester contre les discriminations subies, selon eux, par les populations anglophones du Cameroun. Aujourd’hui, les combats entre soldats et séparatistes sont devenus quasi quotidiens et les civils sont pris « entre le marteau et l’enclume », selon l’ONG Amnesty International.