Esther, 9 ans, raconte son quotidien de pré-adolescente sans filtre, mais avec beaucoup d'humour. / FOLIMAGE /LES COMPAGNONS DU CINEMA

Canal +, mercredi 5 septembre, à 20 h 55

C’est l’histoire d’une jeune fille de 9 ans qui parle très très vite. Un peu trop même. Elle habite à Paris, dans le 17e arrondissement. Son père est prof de sport et sa mère travaille dans les assurances ou dans une banque, elle ne sait pas trop. Elle n’est pas très riche et rêve d’avoir un téléphone portable.

Comme beaucoup de minots de son âge, elle adore Raiponce (le dessin animé de Disney), la chanteuse Tal et sa copine Eugénie, qui ne peut s’empêcher de placer le mot « wesh » dans toutes ses phrases. Elle trouve son frère – comme tous les garçons d’ailleurs – très « con », et quand on l’écoute, on se demande bien à quoi ils servent. C’est le cas de son camarade Maxime, un blondinet qui la traite de « connasse », qui crache sur toutes les filles (qui sont pourtant amoureuses de lui) et qui porte la même doudoune que Maître Gims.

Esther est en CM1 dans une école privée – parce qu’« il y a moins de voyous » que dans le public selon son père (« Alors, il a complètement tort, mais je ne lui dirai jamais », dit-elle). Elle trouve sa maîtresse « moche », probablement parce qu’elle a de la moustache. Comme tous les enfants du monde, cette jeune fille aux cheveux longs joue avec ses copines au « papa et à la maman » mais « personne ne joue le papa » et elle se demande bien pourquoi. Dans la cour de récréation, Esther prétend être la plus « populaire » des élèves et peut, contrairement à la maison, dire tous les gros mots qu’elle veut.

Plongée drôlissime dans la tête d’une jeune fille

Esther est surtout une fille espiègle et perspicace qui veut comprendre le monde qui l’entoure. Depuis le lundi 3 septembre, Canal+ diffuse chaque soir en clair (du lundi au jeudi à 20 h 55), un épisode de deux minutes des Cahiers d’Esther. Histoires de mes dix ans. Ce dessin animé aux traits délicats raconte les véritables aventures d’Esther A., qui parle de ses passions et de son quotidien de pré-adolescente sans filtre, avec un humour tendre et corrosif.

La série est tirée du premier tome – deux autres ont été publiés – de la bande dessinée du même nom du talentueux Riad Sattouf, publié en 2016 (Allary Editions). Cette adaptation est une réussite car elle est restée fidèle à la BD, selon la volonté de l’auteur. « Même l’habillage du générique, c’est le dessin de couverture de l’album qui est animé, explique Riad Sattouf. Mon rôle était d’empêcher les gens de rajouter des choses à mes dessins ou à des histoires. Je voulais qu’on reste fidèle à mes cadrages, à mes expressions, à la façon de bouger de mes bonhommes, à mes couleurs… La série animée est le respect total du premier album. »

Le résultat est une plongée sensible et drôlissime dans la tête d’une jeune fille et dans une cour de récréation. Esther n’a aucun tabou et évoque sans gène des questions qui secoue la société comme le mariage pour tous ou l’homosexualité, sans porter aucun jugement de valeur et sans la moindre hypocrisie. « Les albums sont lus par des enfants, mais souvent, ce ne sont pas des histoires pour enfants. L’important est de montrer les choses telles qu’Esther me les a racontées, souligne Riad Sattouf. Ce côté pas moralisateur est très important pour moi : je montre les faits dans leur crudité. »

Riad Sattouf, dont c’est la première expérience en animation, continue d’explorer les affres de la jeunesse après le succès de son film Les Beaux Gosses (2009) ou le récit dessiné de sa propre enfance dans l’Arabe du futur, dont le quatrième tome vient de paraître (Allary Éditions, 288 p., 25,90 euros).

« Les Cahiers d’Esther. Histoires de mes dix ans », de Riad Sattouf et Mathias Varin (France, 2018, 50 × 2 min).