Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron à la grande synagogue de Paris, lors d’une présentation des voeux à la communauté juive, le 4 septembre. / POOL / REUTERS

Le président de la République, Emmanuel Macron, et l’ex-chef de l’Etat Nicolas Sarkozy ont assisté, voisins mais muets, mardi 4 septembre, à la synagogue de la Victoire, à Paris, à une cérémonie marquant le début des festivités du Nouvel An juif (Roch Hachana),

Au fil des années, cette cérémonie est devenue un baromètre de la popularité des dirigeants politiques chez les responsables des communautés juives de France. En 2017, en présence du premier ministre Edouard Philippe, son prédécesseur Manuel Valls l’avait emporté à l’applaudimètre. L’appui que ce dernier leur avait apporté lors de son passage à Matignon, notamment lors des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, était encore dans tous les esprits. Cette année, Nicolas Sarkozy a pu aussi constater qu’il demeurait dans les mémoires.

Pour la première fois, le président de la République en exercice assistait à ces festivités. Mais l’Elysée a invoqué la séparation des Eglises et de l’Etat pour expliquer l’absence de discours présidentiel dans un lieu de culte.

Inquiétude

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a ainsi pu comparer le chef de l’Etat au « mur occidental » de Jérusalem, autrement dit le Mur des lamentations. « Nous lui confions nos espoirs et nos peines sans qu’il nous réponde. Et pourtant nous savons que quelqu’un nous entend », a développé M. Korsia, prédisant à Emmanuel Macron qu’il allait probablement repartir avec « les poches pleines de petits papiers » sur lesquels les juifs présents lui auraient confié leurs espoirs et leurs craintes.

De fait, la montée de l’antisémitisme en France a été au centre des inquiétudes exprimées, mardi. « Si les juifs devaient continuer à quitter massivement la France, ce serait uniquement, parce que la France aurait cessé d’être la France », a lancé Joël Mergui, le président du Consistoire des communautés juives de France.

Il a insisté sur l’inquiétude des jeunes générations de Français juifs qui, davantage que leurs aînés, « ne comprennent pas pourquoi ils doivent quitter les quartiers de leur enfance ou même s’exiler de France » pour fuir les actes antisémites.

M. Mergui a aussi demandé que « l’abattage rituel, la circoncision, les fêtes religieuses » ne soient « plus perçues comme des concessions en marge du droit mais comme des libertés évidentes ».