Donald Trump, mercredi 5 septembre à la Maison Blanche. / Evan Vucci / AP

C’est un double coup de poignard porté, mercredi 5 septembre, à la Maison Blanche. D’abord, parce qu’il vient de l’intérieur — un membre de haut rang de l’administration du président. Ensuite, parce qu’il est porté anonymement, sous la forme d’une tribune publiée mercredi 5 septembre par la bête noire du chef de l’Etat américain, le New York Times.

Le quotidien souligne d’emblée le caractère exceptionnel de ce texte, soulignant la « rareté » d’une publication anonyme dans ses pages. Mais justifie ce choix radical par « la mise en perspective importante qu’il peut apporter à [ses] lecteurs ».

Quel est donc ce point de vue ? Celui d’une personne qui se présente comme un membre de « la résistance de l’intérieur » à la Maison Blanche. Et qui prend la plume pour dénoncer les actes d’un président « dépourvu de moralité », qui n’a « aucune amarre » idéologique.

« Résistance silencieuse »

Surtout, Donald Trump dirige de manière « imprévisible ». La tribune dépeint ainsi un président incapable de se concentrer, changeant sans cesse d’avis, ou encore décrit comme purement et simplement « instable » :

« Les rencontres avec lui virent souvent hors propos, dès lors qu’il se lance dans des diatribes répétées, souvent mal conçues et mal informées. »

Surtout, on apprend dans cette tribune que plusieurs membres de l’administration Trump « essaient de faire ce qu’il faut quand Donald Trump ne le fait pas ». « Il y a une résistance silencieuse au sein de l’administration, rassemblant des gens qui ont choisi de privilégier d’abord leur pays », témoigne l’anonyme, qui estime que « les Américains doivent savoir qu’il y a encore des adultes à bord ».

« Notre premier devoir est envers notre pays »

L’auteur explique ainsi que les décisions prises par l’entourage du président se font parfois en contradiction avec les avis de Donald Trump, citant l’exemple des relations diplomatiques avec la Russie. « La plupart (des conseillers) tentent de travailler en isolant autant que possible leurs dossiers de ses coups de gueule », écrit le critique.

Réfutant toutefois toute accusation de complot, le responsable affirme qu’« en aucun cas il ne s’agit de l’œuvre d’un soi-disant Etat parallèle. Il s’agit du travail de l’Etat stable ».

« Pour être clair, notre résistance n’est pas celle de la gauche. Nous souhaitons que l’administration (républicaine) réussisse et pensons que beaucoup des politiques déjà adoptées ont rendu l’Amérique plus sûre et plus prospère. (…) Mais nous pensons que notre premier devoir est envers notre pays, et le président continue d’agir au détriment de la santé de notre république. »

L’auteur de la tribune affirme même que les conseillers de Donald Trump ont réfléchi à déclencher le 25e amendement — qui permet de destituer le président pour « incapacité ». Mais qu’ils ont pour l’heure plutôt choisi de le « garder sous contrôle », affirmant que « personne ne souhaite précipiter une crise constitutionnelle ».

« Nous ferons tout ce que nous pourrons pour tirer cette administration dans la bonne direction », écrit encore l’auteur de la tribune. Du moins, souligne-t-il dans une ellipse pour le moins significative, « jusqu’à ce que — d’une manière ou d’une autre — cela s’achève ».