Après avoir porté le Vardar Skopje sur le toit de l’Europe, Raul Gonzalez a pour mission de faire de même avec le PSG. / PATRIK STOLLARZ / AFP

Parfois, le changement se voit. Au Paris-Saint-Germain handball, il s’entend. Installé depuis un mois aux manettes du triple champion de France en titre, l’entraîneur Raul Gonzalez tranche avec son prédécesseur, Zvonimir Serdarusic, par son souci de recourir à la langue de Molière. Là où l’ancienne pierre angulaire du THW Kiel (Allemagne) ne s’exprimait qu’en allemand ou en serbo-croate, l’Espagnol a asséné d’emblée, lors de sa prise de fonction au cours de l’été : « si je dois travailler ici, je sais que je dois parler en français ».

Un choix que l’ancien entraîneur du Vardar Skopje – où il s’exprimait en macédonien – met en pratique depuis, à l’instar de son homologue du PSG football, Thomas Tuchel. Et un effort salué publiquement par Thierry Anti, l’entraîneur du Handball club de Nantes, lors de la conférence de rentrée de la Ligue nationale de handball.

Après avoir confié son destin trois années durant au germano-croate Serdarusic – pour trois titres nationaux et autant d’échec au Final four de la Ligue des champions –, le club au plus important budget du handball mondial (17 millions d’euros, contre 8 à Montpellier) a franchi les Pyrénées. Et rajeuni ses troupes.

Outre Raul Gonzalez (48 ans), son homonyme Jesus Javier « Jota » Gonzalez (46 ans), qui entraînait La Rioja en première division espagnole, a débarqué pour l’assister. « Ces deux-là forment un duo de coach très compétents », souligne leur désormais adversaire Thierry Anti.

Réputation flatteuse

Pour qui ne connaît pas Raul Gonzalez, et aux fins d’éviter un réveil pénible alors que le championnat de France de handball reprend, mercredi 5 septembre, le plus simple est de l’écouter.

L’Ibère n’est pas de ces coach à voix de stentor, dont on entend la voix jusqu’au plafond des salles. Fin tacticien, il arrive à Paris auréolé d’une réputation flatteuse. Celle d’avoir porté le club macédonien de Skopje sur le toit de l’Europe en 2017, en dominant… le PSG en finale, 24-23.

Mais il débarque sans bruit, presque timidement. Se félicitant de « rejoindre le meilleur championnat du monde, où la concurrence est incroyable », le nouveau coach du PSG ne se met guère en avant. « Je suis nouveau, je ne vais pas tout chambouler, explique l’ancien demi-centre international. On va avancer petit à petit ».

Ayant fait ses gammes d’entraîneur à Ciudad Real, comme adjoint du volcanique Talant Dujshebaev, le natif de Valladolid a quitté la péninsule ibérique en 2013, trois Ligue des champions en poche, après le dépôt de bilan de l’ancienne place forte espagnole. Dans la Mancha, a évolué sous ses ordres un certain Didier Dinart (de 2003 et 2012). Devenu sélectionneur de l’équipe de France (et sacré champion du monde en 2017), le « Roc » cite toujours le duo d’entraîneurs Dujshebaev et Gonzalez comme son modèle de techniciens.

« J’ai besoin de temps »

Parmi ses pairs, Gonzalez – et pas « Gonzales », comme l’avait par mégarde écrit la feuille de match d’une rencontre PSG - Skopje en 2014, comme le rapporte L’Equipe – est accueilli à bras ouverts. « Je suis ravi qu’il rejoigne le championnat de France, lance Patrice Canayer, l’entraîneur de Montpellier. Parce que le championnat a certes besoin de grands joueurs, mais également de grands entraîneurs. Et il en fait partie. »

Saluant « la grande humilité » du néoparisien, le récent vainqueur de la Ligue des champions avec le club de l’Hérault avoue « beaucoup de respect pour [ce] grand connaisseur du handball. »

Un connaisseur dont le pragmatisme n’est plus à démontrer. Au volant du bolide parisien et son chapelet de stars – Nikola Karabatic, Mikkel Hansen, Luc Abalo, Sander Sagosen ou encore les nouvelles recrues Henrik Toft-Hansen et Kim Ekdahl du Rietz –, Raul Gonzalez n’entend pas brusquer la machine. « Changer quelque chose au jeu du PSG ? Je ne sais pas, j’ai besoin de temps », élude-t-il. Et de réaffirmer vouloir « mettre en place [son] système petit à petit. »

Obligation de résultats

A Paris, l’Ibère est attendu. Malgré la moisson de titres l’an passé (championnat, coupe de France et coupe de la Ligue), le PSG a buté sur la dernière marche de la Ligue des champions. Pire, le club de la capitale a été devancé aux deux premières places européennes par deux de ses adversaires en Starligue, Montpellier et Nantes.

Pour la direction du club, pas question de délaisser les compétitions domestiques pour décrocher le titre européen après lequel court le club depuis sa reprise par les investisseurs qatari.

Si Raul Gonzalez devrait avoir du temps pour ajouter sa touche à « son » PSG, il sait qu’il a une obligation de résultats. Lui qui a supervisé le recrutement du PSG à distance – alors qu’il entraînait encore Skopje – ne s’en formalise pas, « satisfait » de son groupe : « j’ai ce que je voulais ».