La peste porcine africaine a frappé la Chine début août. Des petits élevages ont été touchés et la propagation est telle que 40 000 porcs ont déjà été abattus dans ce pays. Cette situation a conduit l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à organiser, mercredi 5 septembre, une réunion d’urgence à Bangkok pour faire face au risque de propagation aux autres pays d’Asie. La situation est inédite, car la Chine est le premier pays producteur et consommateur de viande de porc au monde, et n’a jamais été touchée par ce virus. Cette fièvre hémorragique animale ne présente pas de danger pour l’homme mais est mortelle pour le porc contaminé.

La peste porcine africaine a fait son apparition en Europe de l’Est en 2014. Les premiers foyers ont été découverts dans les pays Baltes, en Pologne, et le virus frappe violemment la Roumanie, où près de 110 000 porcs auraient été abattus. « Près de la moitié du cheptel roumain serait décimé », affirme Guillaume Roué, président de l’interprofession du porc, l’Inaporc. La peste a ensuite franchi la frontière russe et, de là, a atteint la Chine.

En France, les autorités ont envoyé cet été un courrier aux éleveurs leur recommandant la vigilance. Mais pour l’heure, tous les élevages sont sains. L’inquiétude est surtout liée à de possibles importations de sangliers des pays de l’Est qui peuvent être des vecteurs contaminants. « Nous ne pouvons pas aujourd’hui estimer les conséquences de cette crise sanitaire, en particulier en Chine », reconnaît M. Roué.

D’autres événements entrent également en jeu sans que les retombées puissent en être évaluées. A l’instar de la décision de Donald Trump de taxer les importations chinoises, qui s’est traduite par une hausse des taxes sur les achats de porc américain par la Chine.

Crainte de voir le cours s’éroder

Dans l’immédiat, les éleveurs de porc français regardent encore l’aiguille du marché du porc breton à Plérin (Côtes-d’Armor). Elle frôle le 1,3 euro le kilo. « Depuis le début de 2018, le prix moyen est de 1,18 euro, à comparer au 1,35 euro en 2017, qui a été une bonne année, comme 2016 », souligne M. Roué, pour qui « la rentabilité des exploitations n’est donc pas extraordinaire ». Juste correcte.

La crainte est de voir le cours continuer à s’éroder. « La production européenne est en progression de 2 %, quand la baisse de consommation se chiffre à 1 %. Sur une production de 22 millions de tonnes, il faut trouver des débouchés pour les 600 000 tonnes supplémentaires, et en principe hors de l’Union européenne », explique M. Roué. Or, c’est justement l’évolution des exportations vers la Chine qui conduit le cours du porc depuis plusieurs années.

Après une crise de l’élevage chinois en 2016, le pays a accru fortement ses importations, faisant monter les prix. Après reconstitution de son cheptel, le flux d’achats a baissé, entraînant un reflux du cours du porc en Europe en général et à Plérin en particulier depuis un an. Une situation qui pourrait changer si la Chine est contrainte, avec la crise sanitaire, à repartir aux achats hors de ses frontières.