Dans les rues d’Idlib, jeudi 6 septembre. / ZEIN AL RIFAI / AFP

Le sort d’Idlib sera débattu, vendredi 7 septembre, lors de deux réunions distinctes organisées par des puissances étrangères. Les présidents iranien, russe et turc se retrouvent à Téhéran pour évoquer la situation dans l’ultime bastion rebelle syrien, quelques heures avant une autre réunion sur le même sujet, convoquée par les Etats-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU.

Moscou, Téhéran et Ankara ont acquis un rôle incontournable dans le conflit, à travers leur appui militaire crucial aux belligérants et le lancement du processus d’Astana, qui a éclipsé les négociations sous l’égide de l’ONU pour tenter de mettre un terme au conflit, qui a fait plus de 350 000 morts depuis 2011.

Damas, Moscou et Ankara ont été ces jours-ci le théâtre d’un intense ballet diplomatique. Avant la réunion, Téhéran et Moscou ont réaffirmé leur soutien au régime de Damas.

« Nous avons tué, nous tuons et nous tuerons les terroristes. (…) Et peu importe qu’ils se trouvent à Alep, à Idlib ou en d’autres points de la Syrie », a déclaré, jeudi, Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe.

Fuite de civils

Conquis en 2015 par les insurgés, Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, est leur dernier grand bastion dans le pays. C’est là qu’ont été envoyées des dizaines de milliers de rebelles et de civils évacués d’autres bastions de l’opposition, repris par les forces loyalistes à travers le pays.

Jeudi, des centaines de civils ont commencé à fuir la zone par crainte d’un assaut imminent des troupes gouvernementales.

Déterminé à reprendre l’ensemble du territoire et fort du soutien militaire russe et iranien, le régime du président syrien Bachar Al-Assad a massé des renforts aux abords de la province, frontalière de la Turquie et dominée par les djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), mais qui accueille aussi d’importantes factions rebelles.

Damas, Moscou et Téhéran doivent, cependant, tenir compte de la position de la Turquie, soutien des rebelles, qui dispose de troupes à Idlib et craint un afflux massif de réfugiés sur son territoire.

Crainte d’un bain de sang

Au total, quelque trois millions d’habitants vivent dans la province d’Idlib et les quelques poches insurgées dans les provinces voisines d’Hama, Alep ou encore Lattaquié, selon l’ONU. Près de la moitié sont des déplacés.

Mercredi, les Nations unies ont mis en garde contre un « bain de sang » à Idlib, craignant qu’une offensive militaire sur un territoire si densément peuplé ne provoque une catastrophe humanitaire d’une ampleur inédite depuis le début du conflit syrien.

La Maison Blanche a mis en garde, mardi, Damas et ses alliés russe et iranien contre un recours aux armes chimiques à Idlib.

« Le monde (…) et les Etats-Unis regardent (…) de très près » la situation, « si c’est un massacre, le monde sera très très en colère et les Etats-Unis seront également très en colère », a averti, mercredi, le président américain Donald Trump.