Les secours déployés dans la région d’Atsuma. / Eugene Hoshiko / AP

Les efforts se poursuivaient à un rythme accéléré, vendredi 7 septembre, pour trouver des survivants parmi les personnes ensevelies sous des glissements de terrain dans le nord du Japon après un puissant séisme, dont le bilan provisoire s’élève à dix-huit morts.

C’est le village d’Atsuma, niché au pied de montagnes verdoyantes de l’île de Hokkaido, qui a payé le plus lourd tribut à la catastrophe, avec quatorze morts. Le paysage de carte postale a été ravagé par des éboulements qui ont englouti les maisons construites en contrebas, laissant de profondes cicatrices marron le long des versants des montagnes. Toute la nuit, les secouristes se sont démenés à l’aide de pelleteuses et de chiens en quête de souffle de vie, une tâche compliquée par une série de répliques.

« De nombreuses personnes sont encore ensevelies sous la terre, nous travaillons sans relâche mais les efforts de sauvetage sont difficiles », a commenté un militaire des forces d’autodéfense (SDF), interrogé par la chaîne de télévision NHK, qui a fait état de dix-huit morts et de vingt-deux disparus. « Nous faisons tout notre possible pour les trouver rapidement », a-t-il ajouté.

« Mes proches sont encore enfouis sous la boue. Je n’ai pas pu dormir de la nuit. Il y a eu aussi plusieurs secousses, donc, c’était une nuit agitée », a témoigné une habitante sur la NHK.

Coupures d’eau et d’électricité

Des images de télévision tournées dans la capitale régionale, Sapporo, montraient des maisons vacillantes, des chaussées éventrées, des façades défoncées par ce tremblement de terre de magnitude 6,6, survenu en pleine nuit.

Environ vingt-deux mille hommes et soixante-quinze hélicoptères étaient mobilisés pour participer aux opérations et venir en aide aux sinistrés, dont de nombreux attendaient patiemment devant supermarchés et stations-service pour faire des provisions.

Après une coupure de courant générale en raison de l’arrêt de toutes les centrales de la région, l’électricité avait pu être rétablie vendredi matin pour 1,4 million de foyers et autres clients, soit près de la moitié de la population de l’île, selon la compagnie Hokkaido Electric. Il en restait encore 1,6 million dans le noir, mais « le nombre devrait tomber à 550 000 » en fin de journée.

« Cela prendra une semaine » avant que la centrale la plus importante puisse redémarrer, a précisé le ministre de l’industrie, Hiroshige Seko. En attendant, il a appelé les habitants et commerçants à réduire leur consommation d’électricité et « les membres d’une même famille à rester ensemble dans une seule pièce »« Des camions-groupes électrogènes vont aussi être déployés dans les hôpitaux », qui avaient dû refuser des patients jeudi faute d’électricité.

Les secousses, d’une force telle qu’il était impossible de tenir debout, selon l’agence de météo, ont aussi causé des coupures d’eau.

Longue série meurtrière

Les transports revenaient progressivement à la normale vendredi. Les liaisons du Shinkansen, train à grande vitesse, ont repris, et l’aéroport de Sapporo accueillait de nouveau des passagers après l’annulation de l’ensemble des vols jeudi, même si le trafic restait très perturbé.

Shinzo Abe a mis en garde contre « les risques de coulées de boue et d’effondrements de bâtiment », alors que des précipitations étaient attendues dans la région. « Je vous demande d’être vigilant », a-t-il insisté lors d’une réunion consacrée à la catastrophe, dernière en date d’une longue série meurtrière après des inondations du début de juillet, une vague de chaleur et un typhon dans la région d’Osaka en début de semaine.

Le Japon est situé à la jonction de quatre plaques tectoniques et subit chaque année quelque 20 % des séismes les plus forts recensés dans le monde.

Tout le monde garde en mémoire le terrible tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011 qui tuèrent plus de dix-huit mille personnes et provoquèrent la catastrophe nucléaire de Fukushima.

Le séisme de jeudi s’est produit alors que l’archipel se remet à peine du passage du très puissant typhon Jebi, qui a tué onze personnes dans le Sud-Ouest. Il a laissé dans son sillage des maisons entièrement ou en partie détruites, des poteaux à terre, des arbres arrachés, des toitures envolées (comme à la gare de Kyoto), des grues affaissées ou des véhicules accidentés.

Le cyclone a en outre inondé et isolé l’aéroport du Kansai (Kix), situé en mer sur une île artificielle au large d’Osaka, où les vols intérieurs ont repris vendredi.