Le fondateur d’Alibaba, Jack Ma, en 2015. / © Kim Kyung Hoon / Reuters

Jack Ma, président et co-fondateur emblématique du géant chinois du commerce en ligne Alibaba, a annoncé son départ en retraite à compter de lundi, jour de ses 54 ans, dans une interview au New York Times publiée vendredi 7 septembre.

Ce départ n’est pas la fin d’une ère « mais le début d’une ère », a déclaré au quotidien américain l’homme le plus riche de Chine, qui a co-fondé en 1999 le groupe Alibaba, devenu depuis un mastodonte technologique, présent non seulement dans le commerce en ligne mais aussi dans l’informatique en nuage ainsi que dans les divertissements et les médias, apparaissant aujourd’hui comme un mélange – et un concurrent – des géants technologiques américains, Amazon, eBay et Google.

Egalement derrière le service de paiement électronique Alipay, le groupe a largement contribué à transformer la façon dont les Chinois font leurs achats et les payent.

Jack Ma prévoit de se consacrer désormais à des projets philanthropiques dans l’éducation, mais continuera à conseiller le groupe, a-t-il précisé au New York Times.

Son départ n’est pas vraiment une surprise, Jack Ma ayant distillé ces derniers jours dans la presse des indices laissant présager d’un départ plus ou moins imminent. Il avait également déjà soigneusement préparé sa succession et avait déjà déjà laissé le poste de directeur général à Daniel Zhang depuis quelque temps.

Self-made man

Selon le dernier calcul du magazine spécialisé Forbes, la fortune de cet ancien professeur d’anglais véritable « self-made man », est estimée à 36,5 milliards de dollars, le plaçant à la 21ème place mondiale. A la clôture vendredi soir, Alibaba pesait plus de 417 milliards de dollars de capitalisation boursière à Wall Street.

Après avoir été rejeté en 1999 par des investisseurs américains, Jack Ma avait pris un revanche retentissante en réalisant en 2014 à Wall Street la plus grosse entrée en Bourse de l’histoire en parvenant à lever 25 milliards de dollars. Il avait créé Alibaba dans son appartement de Hangzhou, dans l’est de la Chine, en empruntant 60.000 dollars à des amis.

Le groupe est aujourd’hui en forme financièrement. Il a annoncé le 23 août un bond de 61 % de son chiffre d’affaires trimestriel, à 80,9 milliards de yuans (12,2 milliards de dollars), toujours dopé par de robustes recettes publicitaires, mais également par ses investissements dans le « cloud », le divertissement et des boutiques connectées.

Intelligence artificielle

Le groupe a vu son bénéfice net plonger de 41 %, à 1,3 milliard de dollars, mais essentiellement pour des raisons de changements comptables, non récurrents. Il profite aussi de l’essor des transactions mobiles et a aussi massivement investi dans l’intelligence artificielle.

Alibaba compte sur son avance technologique pour maintenir son rang face à des rivaux chinois en plein essor, rognant ses parts de marché, de JD. com à Pingduoduo, une plateforme d’articles vendus à petit prix et en lots qui vient de s’introduire à Wall Street.

Signe que sa stratégie de diversification porte des fruits, c’est non seulement son activité de vendeur en ligne qui s’est envolée, mais aussi le « cloud » ou les divertissements et médias numériques, avec sa plateforme vidéo Youku, qui a diffusé cet été des matches de la Coupe du monde de football.

Dans la vente en ligne, Alibaba détient, avec ses plateformes Taobao et Tmall, environ 60 % du marché chinois du commerce de détail sur internet, selon le cabinet eMarketer. Mais l’entreprise développe désormais d’étroites interactions avec le commerce traditionnel en dur, notamment via des supermarchés hyper-connectés sous sa marque Hema – fin juin, on en comptait 45 à travers la Chine –, tout en investissant dans des chaînes de distribution. Alibaba a plus de 65 000 employés.