La Russie a mené, samedi 8 septembre, les raids aériens les plus « intenses » depuis un mois contre la province d’Idlib, ultime bastion rebelle dans la Syrie en guerre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le régime de Damas a également largué des barils d’explosif sur ce secteur.

Ces bombardements sur cette province, que le président syrien Bachar Al-Assad et la Russie menacent d’un assaut, ont tué au moins quatre civils, dont deux enfants selon l’ONG. Près de 60 frappes aériennes ont été conduites au cours des trois dernières heures sur plusieurs localités du sud et du sud-est d’Idlib, par l’armée russe alliée au régime Assad, toujours d’après l’OSDH.

Le directeur de l’ONG, Rami Abdel Rahmane, a fait savoir que l’armée syrienne poursuit ses bombardements à l’artillerie lourde contre plusieurs positions djihadistes et rebelles, dont certaines ont été désertées.

Selon l’OSDH, des frappes aériennes russes avaient déjà fait cinq morts vendredi alors qu’elles visaient des positions de Hayat Tahrir Al-Cham, l’organisation djihadiste créée par l’ex-branche syrienne d’Al Qaida qui contrôle 60 % d’Idlib, ou encore celles d’Ahrar Al-Cham, un puissant groupe rebelle islamiste.

Provocations selon Moscou

De son côté, pour justifier son intervention, la Russie a affirmé samedi avoir des « preuves irréfutables » que les rebelles syriens préparent une « provocation » imminente à Idlib, dernière région échappant au contrôle du régime et sous la menace d’une offensive.

Selon Moscou, des responsables du groupe djihadiste Hayat Tahrir Al-Cham, du Parti islamique du Turkestan et des casques blancs syriens se sont réunis, vendredi, à Idlib pour « se mettre d’accord sur le scénario de la mise en scène et du tournage de faux incidents avec l’utilisation prétendue de substances toxiques par les forces gouvernementales contre les civils ».

« Ceux qui doivent prendre part à la mise en scène de la provocation doivent être totalement prêts d’ici au soir du 8 septembre », a fait savoir dans un communiqué le porte-parole de l’armée russe, Igor Konachenkov. « Le signal pour le début de la mise en œuvre de la provocation par les terroristes dans la région d’Idlib sera un ordre de certains amis étrangers de la révolution syrienne », a poursuivi Igor Konashenkov.

« Catastrophe humanitaire »

Il s’agit des raids les plus intenses dans le nord syrien depuis l’attaque menée le 10 août contre la localité d’Orum Al-Koubra, ayant fait 53 morts, dont 41 civils, selon l’OSDH.

Cette recrudescence de violence intervient au lendemain de l’échec d’un sommet tripartite à Téhéran ayant réuni les présidents russe, turc et iranien qui avaient pour objectif de décider du sort de ce dernier fief insurgé.

« Le gouvernement syrien a le droit de prendre sous son contrôle la totalité de son territoire national et doit le faire », a fait valoir, vendredi, Vladimir Poutine, rejetant un appel de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, à un accord de « cessez-le-feu ».

Quelque trois millions de personnes, dont la moitié sont des déplacés, vivent dans la province d’Idlib et les poches insurgées des provinces voisines de Hama, Alep ou encore Lattaquié, selon l’ONU. Une offensive contre Idlib pourrait faire jusqu’à 800 000 déplacés et provoquer « une catastrophe humanitaire », avertissent les Nations unies.

Dès jeudi, des centaines de civils ont commencé à fuir la zone en prévision d’un assaut des troupes gouvernementales.