Entre l’Union flag et le drapeau européen, un manifestant tient une pancarte sur laquelle est écrit : « Brexit. Cela vaut-il le coup ? », devant le Parlement, à Londres, le 10 septembre. / DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

C’est probablement le début d’un tournant sur le Brexit dans la gauche britannique. Le congrès de la Confédération des syndicats britanniques (Trades Union Congress ou TUC), réuni lundi 10 septembre à Manchester, a adopté une motion ouvrant la possibilité à un nouveau référendum, non sur l’appartenance à l’Union européenne, mais sur l’accord final qui devrait en principe intervenir cet automne entre le gouvernement de Theresa May et l’UE.

Le TUC exigerait un tel vote si l’accord sur le Brexit remettait en cause « les droits des travailleurs », en les rendant « inférieurs à ceux de l’UE », ou si Londres n’obtenait pas « le maintien d’échanges sans droit de douane ». La décision intervient à deux semaines du congrès du Parti travailliste dont le chef, Jeremy Corbyn, s’est dit jusqu’à présent hostile à une nouvelle consultation afin de ne pas provoquer les 37 % d’électeurs du Labour qui ont voté en faveur du Brexit au référendum de 2016.

Le Labour est largement financé par les syndicats, et le glissement net de ces derniers vers une position ouvertement anti-Brexit pourrait influencer le parti d’opposition. Jusqu’à présent, la position du Labour consistait à accepter le Brexit au nom du respect du choix des électeurs tout en dénonçant le « Brexit conservateur » de Mme May. Les travaillistes réclament « le meilleur accord possible sur le Brexit pour l’emploi » et des élections anticipées.

Un accord a minima probable

Mais l’opinion publique bouge. Fin juillet, dans un sondage, les Britanniques souhaitant un nouveau vote sont devenus pour la première fois tout juste majoritaires (51 %). Chez les adhérents des syndicats, la tendance est spectaculaire : 59 % des syndiqués de Unite, la principale organisation du pays, sont partisans d’une seconde consultation (33 % contre), et 61 % (contre 35 %) veulent demeurer dans l’UE. La crainte d’une détérioration de l’emploi et du niveau de vie consécutive au retour des barrières douanières est citée comme la principale raison de ces choix.

L’accord de sortie de l’UE, qui sera conclu cet automne, doit être adopté par le Parlement européen et par celui de Westminster avant la date du Brexit officiel, le 29 mars 2019. Un éventuel rejet par les députés britanniques, voire un échec des négociations, pourrait déboucher sur une nouvelle consultation. Mais le plus probable est qu’un accord a minima intervienne sur les trois chapitres en discussion : dette de Londres à l’UE, droits des expatriés – déjà réglés – et, le plus épineux, le statut de la frontière irlandaise. Serait alors reportée à la « période de transition » (jusqu’à la fin 2020) la discussion sur le « plan de Chequers » de Theresa May, qui concerne, lui, les très complexes dossiers sur l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et l’UE : gestion de l’immigration, coopération en matière de défense et de police, droits de douane, statut de la City.