Mensonges, objectifs chiffrés qu’ils ne se soucient en rien d’atteindre, habile lobbying… « Cash Investigation » montre que les plus gros producteurs de plastique, qui se targuent d’être vertueux et présentent le recyclage comme la panacée, brassent en réalité beaucoup d’air. / RICHARD WHITCOMBE / ALAMY STOCK PHOTO

Le plastique, c’est increvable. C’est sa principale qualité mais pas son moindre défaut, et l’addiction que nous avons développée à son endroit depuis sa généralisation dans les années 1950 a des conséquences désastreuses tant pour l’environnement que pour notre santé.

Pour traiter ce sujet très en vogue, le numéro de rentrée de « Cash Investigation » – intitulé « Plastique, la grande intox » et diffusé mardi 11 septembre à 21 heures sur France 2 – ne se limite pourtant pas à ce constat simpliste. Au-delà des images-chocs d’une nature défigurée partout dans le monde par les déchets de plastique, le reportage de Sandrine Rigaud s’attache surtout à démontrer avec quel génie les industriels ont opté pour une culpabilisation du consommateur, plutôt que pour une remise en question de leurs modèles économiques ultraproductivistes et hautement lucratifs.

Mensonges, objectifs chiffrés qu’ils ne se soucient en rien d’atteindre, habile lobbying… les plus gros producteurs de plastique qui se targuent d’être vertueux et présentent le recyclage comme la panacée brassent en réalité beaucoup d’air. Rois de la duplicité, ils fabriquent toujours plus de plastique, n’ont pas l’intention de lever le pied et financent sans vergogne des associations de nettoyage – qui répugnent à le reconnaître –, ou des campagnes de « sensibilisation » du public.

Stratégies opposées aux promesses

La Coca-Cola Company, qui vend chaque année 120 milliards de bouteilles en plastique sur la planète tout en prônant un monde sans déchets à l’horizon 2030, en prend pour son grade. A cette date, en théorie, chaque bouteille de Coca devra être composée de 50 % de plastique recyclé, mais cet objectif a tout du vœu pieu. Alors qu’en 2008 la firme s’était engagée à mettre 25 % de plastique recyclé dans ses bouteilles dès 2015, un responsable d’usine de recyclage finit par confesser à la présentatrice Elise Lucet qu’elles n’en contiennent guère que 7 % aujourd’hui.

« Cash » a également mis la main sur un document interne de la multinationale Coca datant de 2016 qui illustre à merveille le double discours de la firme. Il dévoile notamment des stratégies radicalement opposées à ses promesses de communication, et visant à s’opposer aux politiques de réglementation – notamment en matière d’interdiction de la caféine ou de publicité touchant les enfants. Acculé, Michael Goltzman, un des vice-présidents communicants de la firme, répète, tel un disque rayé, que ces informations – pourtant récentes – ne reflètent plus la stratégie de l’entreprise, décidément bien versatile.

Une autre séquence marquante révèle enfin que, le tri industriel étant insuffisamment efficace, certaines substances dangereuses pour la santé et l’environnement – comme les retardateurs de flamme bromés, présents dans nombre de produits électriques – sont recyclés de manière impropre et en contravention avec la législation.

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