Abdelhakim Dekhar. / HO / AFP

Au terme d’une semaine de procès aux assises d’Evry, l’avocat général Jean-Christophe Crocq a requis vingt-cinq ans de réclusion criminelle contre Abdelhakim Dekhar, le « tireur de Libé », la même peine qu’en première instance.

En novembre 2013, il s’était rendu, armé d’un fusil à pompe, à BFM-TV, devant la Société générale à la Défense et au journal Libération, où il avait grièvement blessé un assistant photographe avec des munitions pour sanglier, selon l’expertise balistique. Après cinq jours de traque, il avait été retrouvé dans une voiture, entouré de médicaments qu’il venait d’ingurgiter.

Fin 2017, M. Dekhar avait été reconnu coupable de tentatives d’assassinat seulement sur Philippe Antoine, un journaliste de BFM-TV, et César Sébastien, l’assistant photographe blessé à Libération. Cette fois, l’avocat général a réclamé une condamnation plus large, estimant que l’accusé avait également tenté de tuer un vigile de BFM-TV et deux employées de la Société générale.

« Guérillero maladroit »

Comme en première instance, l’accusé a parlé d’un « suicide scénarisé » : il était bouleversé par la séparation d’avec ses enfants et espérait se faire tuer par la police.

Cette thèse est « fabriquée pour apitoyer la société », a rétorqué l’avocat général. Il a rappelé le « menteur pathologique » décrit par experts et proches, et dénoncé sa « doctrine de résistance » antisystème. « La deuxième arme du crime », qui le pousse à choisir « des cibles symboliques : la presse, la finance ».

A l’audience, Abdelhakim Dekhar a récusé le « combat politique » invoqué pendant l’instruction et s’est décrit comme « un looser ». « Je n’ai jamais voulu tuer ou heurter qui que ce soit », a assuré, en s’excusant, Abdelhakim Dekhar à son deuxième procès.

Cette affaire est vue à travers « une loupe grossissante que M. Dekhar a permis en adoptant une posture démente », a plaidé son avocat, Philippe Ruimy. « Il avait l’intention de faire un mauvais coup » mais, selon lui, « à moins d’avoir une boule de cristal, personne ne peut affirmer » qu’il voulait tuer. L’avocat général a, lui, qualifié l’accusé de « guérillero maladroit ».