Le sélectionneur Didier Deschamps inaugure un stade à son nom, mecredi 12 septembre, au Cap d’Ail. / ERIC GAILLARD / REUTERS

L’élan suscité par le sacre des Bleus lors de la Coupe du monde en Russie va-t-il vraiment profiter au football français ? Si les dirigeants de la Fédération française de football (FFF) s’attendent à une hausse des licenciés dans les clubs amateurs, dans des proportions plus ou moins comparables à la saison 1998-1999 (240 000 nouvelles inscriptions à cette époque), ils entendent redistribuer au « foot d’en bas » une partie des retombées économiques de ce triomphe.

Selon nos informations, le comité exécutif (gouvernement) de la FFF a décidé, jeudi 13 septembre, d’octroyer une enveloppe de 10 millions d’euros en matériel aux petits clubs (moins de 100 licenciés), aux équipes pourvues d’une école de football et aux associations ayant un « engagement féminin », c’est-à-dire une équipe ou des équipes féminine(s). Cette dotation vient s’ajouter aux 86 millions d’euros reversés, cette saison, au football amateur. Un fonds « d’aide record »- selon l’expression fédérale - voté en juin, avant la Coupe du monde.

La décision du comité exécutif fait suite à la promesse faite par Noël Le Graët, président de la FFF, de « dégager une enveloppe de financements supplémentaires notamment pour les plus petits clubs qui ont besoin de matériel. » « Il y en aura sans doute d’autres par la suite avec une implication sans doute renforcée de nos partenaires (sponsors) sur le terrain », confiait le dirigeant au Monde, fin août.

Ce « coup de pouce » intervient surtout alors que de nombreux responsables de clubs amateurs ne peuvent accueillir la vague de licenciés (2,1 millions la saison passée) attendue et réclamaient à la FFF davantage de moyens financiers. Par la voix de son dirigeant Eric Thomas, candidat malheureux à la présidence de la Fédération en 2011, 2012 et 2017, l’Association française de football amateur (AFFA) avait notamment plaidé, cet été, pour que le football amateur ne soit pas « l’éternel oublié ».

Un budget annuel de 272 millions d’euros

Grâce au succès des joueurs de Didier Deschamps en Russie, l’argent coule à flots à la fédération. L’instance a touché notamment 32,6 millions d’euros de dotation de la Fédération internationale de football (FIFA). Après avoir versé 30 % de cette somme en primes aux Tricolores, la FFF peut se targuer d’une enveloppe budgétaire de 272 millions d’euros pour la saison 2018-2019.

Annuellement, l’organisation tire de sa sélection 113 millions d’euros de revenus commerciaux. Les contrats liés aux droits télévisés (63,1 millions d’euros annuels) et l’ensemble des partenariats avec les sponsors avaient d’ailleurs été reconduits, avant le Mondial russe, pour le cycle 2018-2022.

Principal partenaire de l’équipe de France (50,5 millions d’euros annuels, notamment en matériel, jusqu’en 2026), l’équipementier américain Nike a d’ailleurs versé un bonus conséquent (autour de 1 million d’euros selon le journal L’Equipe) à la FFF après le sacre moscovite des Bleus.

L’instance s’attend également à toucher un pactole (4,5 % du prix à l’unité) sur les ventes des – déjà mythiques et très onéreux (140 euros pièce) – maillots à deux étoiles fabriqués par Nike. La marque à la virgule espère, elle, pulvériser le record des tuniques écoulées (800 000) par Adidas après le sacre des Bleus en 1998.